Traduire
La traversée des océans
5 Mai 2011
Toute rencontre de langues et de cultures, toute transmission, tradition, transport, traduction sont d’abord le fait de rencontres occasionnelles suite aux envies des individus. La traduction, tout comme la philosophie, est au début une affaire d’amis et d’amour – philía. Sans cet élan commun vers le grec, et vers les philosophies qui s’y sont produites, toujours à nous séduire et hanter, le portugais n’aurait peut-être pas été abordé dans le premier moment de l’élaboration du Vocabulaire Européen des Philosophies, en France.
Situer la langue, situer l’enjeu
24 Juin 2010
Situer la langue, la relier aux processus internes de traduction qui l’ont faite, entre le grec, le latin, le slavon et les influences ottomanes, c’est poser les enjeux politiques, et non pas seulement linguistiques, de la traduction vers le roumain du Vocabulaire européen des philosophies. Le premier volet du journal de bord prend appui sur les notes préparées pour les séminaires de travail sur les traductions du Vocabulaire à la Fondation des Treilles (Var), en septembre 2009, et à l’Université de Rio de Janeiro, en novembre 2009.
L’histoire du sens est le « sens de l’histoire »
6 Décembre 2010
Nous publions ici le texte intégral de l’intervention de Marc de Launay à la journée d’étude organisée par Transeuropéennes et le réseau TERRA le 18 septembre 2010, à Paris, intitulée : « Que veut dire traduire ? ». Ce séminaire intitulé « Traduire: contre les séparations » avait été organisé à partir du numéro 7 de la revue Asylon(s), ''Que veut dire traduire?", du thème "Traduire" ouvert par Transeuropéennes ainsi que du numéro 22/2002 de Transeuropéennes, "Traduire, entre les cultures".
La traduction comme filtre
25 Mars 2010
Dans cet article, je me propose de sauver la possibilité de la traduction de la malédiction que fait peser sur elle une conception de la traduction organisée autour de l’image de la communication : la communication d’un texte écrit d’une langue à une autre. La traduction n’est pas une tâche limitée au mot écrit, mais un concept qui nous permet de réexaminer l’action sociale en général, qui nous ouvre un accès inestimable vers un examen de la socialité elle-même.
Les Grecs, les Arabes et nous
Irène ROSIER-CATACH | Marwan RASHED | Alain LIBERA de | Philippe BÜTTGEN
6 Novembre 2009
La question du « nous » européen s’est récemment nouée à plusieurs controverses sur la traduction et la transmission des savoirs. Ces débats semblent d’abord érudits, lointains, spécialisés. Il s’agit de savoir quelle part les traductions arabes d’œuvres scientifiques et philosophiques grecques ont prise dans la diffusion de ces œuvres vers l’Occident médiéval. Après un siècle de travaux sur le sujet, certains veulent recalculer cette part, et la diminuer. Les « Latins » n’auraient pas eu besoin de la filière arabe ; les « Arabes » n’auraient jamais su s’approprier le savoir grec. S’enchaînent des considérations générales sur l’essence des religions et « civilisations », un « judéo-christianisme » ouvert et accueillant à l’Autre contre un Islam agressif et fermé. La peur des Arabes et de l’islam est entrée dans la science. L’Occident est chrétien, proclame-t-on, et aussi pur que possible.
Les intraduisibles et leurs traductions
14 Septembre 2009
Le point de départ de ces notes est un ouvrage, le Vocabulaire européen des philosophies, Dictionnaire des intraduisibles, que Transeuropéennes a décidé d’accompagner dans ses transformations. Pour que se tienne, à plusieurs mains, un journal de bord des traductions des intraduisibles. Avec ce qu’un journal peut avoir de trivial et de pensif, de cousu et de décousu —Denktagebuch autant que faire se peut.
Politiques de la philosophie à partir de la modernité
6 Novembre 2009
La modernité, qui avait été à l’origine de nombreuses ouvertures en direction des continents extra-européens, fut en même temps la grande rupture qui a rendu la traduction presque impossible en prêtant une dimension normative à de nombreux concepts, en particulier celui du politique. A travers un processus d’universalisation (une « occidentalisation »), des concepts et des termes d’origine « européenne » se virent pourvus d’une continuité généalogique et étymologique qui frappait d’une discontinuité correspondante ceux qui provenaient d’autres lieux et d’autres langues.
Dire l'universel
5 Novembre 2009
Ce qui à la fois appelle et brouille une réflexion sur le futur de la « philosophie » telle que nous la connaissions et la pratiquions (savoir si elle continuera d’exister sous le même nom, séparée d'autres pratiques scientifiques ou sociales, etc.), c'est parmi d’autres raisons le fait qu'elle nous atteint souvent à travers des considérations quant au statut géohistorique de l'association entre le discours et l'institution.
L'humanisme selon Edward Saïd
11 Octobre 2009
On sait qu’Edward Saïd fut l’un des intellectuels les plus attentifs aux effets politiques de la représentation, nous offrant des instruments importants pour l’analyse des mécanismes de construction des images à forte connotation eurocentrique et « monoculturelle » et des récits liés à la libération et aux instances de reconnaissance de subjectivités politiques opprimées et excentrées. On peut même affirmer sans trop de risque que son activité critique se concentre avant tout sur ces lieux sensibles, culturellement et politiquement, pour lesquels se pose d’une façon ou d’une autre le problème de la traduction d’une altérité culturelle, politique, linguistique, d’un horizon de sens à un autre.
L'arbre qui révèle la forêt
5 Novembre 2009
Ce qui est surprenant dans ce récit qui servait souvent de prologue à nos discussions et qui tombait comme un verdict, c'est qu'on y retrouve, j'y retrouvais du moins, tous les composants d'un mythe babélique de l'origine de la psychanalyse dans le monde arabe et d'une fantasmatique de la perte : âge d'or, drame puis dispersion. Qu'en est-il d'abord de ce drame, si l'on prend la traduction des termes du fondateur de la psychanalyse, comme exemple parlant?
Ouvrir la traduction
5 Novembre 2009
Cet article soutient le projet de la traduction ouverte et entend y contribuer en interrogeant la manière dont les praticiens se représentent leur pratique. Je ne m’intéresse pas seulement à la manière dont elle est accomplie mais aussi aux mobiles politiques de ses partisans. À partir d’études qui mettent en question l’idée que les langues ont une existence individuelle avant l’acte de traduction, j’examine la manière dont la traduction ouverte pense le rapport entre les langues. Je me demande enfin si le sujet collectif qui se construit à travers ces pratiques de traduction collaboratives est une figure politique adaptée à la production du commun.
L'expérience de la culture : limites eurocentriques et ouvertures chez Foucault
5 Novembre 2009
Avec le lancement de la nouvelle formule de Transeuropéennes, la revue est désormais parfaitement armée pour engager une réflexion en profondeur sur l’un des antagonismes fondamentaux de notre temps : le rapport entre la traduction et les régions culturelles. Je voudrais faire part ici d’un questionnement développé récemment à partir d’une critique de l’eurocentrisme de Michel Foucault, qui peut contribuer à à éclairer de manière indirecte certaines des questions qui sont en jeu ici.