Comité de rédaction

Etienne Balibar, philosophe, Paris ;
Raja Ben Slama, écrivain, psychanalyste, Le Caire/Tunis ;
Deyan Deyanov, sociologue, Plovdiv ;
Rada Ivekovic, philosophe, Paris ;
Christophe Jaffrelot, directeur de recherche CNRS, politologue ;
Dragan Klaic, essaysite, théâtrologue, Amsterdam ;
Ferda Keskin , philosophe, Istanbul ;
Mustapha Laarissa, philosophe, Marrakech ;
Marie-Claire Lavabre, sociologue, Paris ;
Boyan Manchev, philosophe, Sofia ;
Nivedita Menon, politologue, New Delhi ;
Franck Mermier, anthropologue, Beyrouth/Paris ;
Rasko Mocnik, anthropologue et sociologue, Ljubljana ;
Bruce Robbins, philosophe, Columbia University;
Ranabir Samaddar, Calcutta Research Centre, Calcutta ;
Reina Sarkis, psychanalyste, Beyrouth ;
Müge Gürsoy Sökmen, éditrice, Istanbul ;
Stephen Wright, critique d’art, Paris ;
Ghislaine Glasson Deschaumes, directrice de la rédaction.

 

 

Le 25 août dernier, Dragan Klaic (1950-2011) est mort. Dragan était un ami. Il était un de ceux qui, rencontré au tout début des années 1990, dans ce moment de grands bouleversements, a amplement contribué à construire la réflexion et l’action de Transeuropéennes dans les Balkans et à approfondir le projet de la revue. Il avait été administrateur de l’association dans la première période de Transeuropéennes, et avait rejoint le comité de rédaction de la revue en 2009.

Théâtrologue, comme il le disait lui-même, chercheur et universitaire, il s’était exilé aux Pays-Bas au moment de l’éclatement de la Yougoslavie, refusant de cautionner quelque forme de nationalisme et d’identitarisme que ce fût. Dragan était un polyglotte, bercé par le hongrois, le yiddish et le serbo-croate, parfaitement anglophone puis néerlandophone, parlant aisément l’allemand, l’italien, le français et quelques autres langues slaves. Fondamentalement nomade, il avait le goût de l’inconnu et le goût des autres, mais aussi un sens aigu des situations.

Il était un bâtisseur qui n’ignorait rien de la puissance des ruines.

Dans des milieux culturels européens prompts à l’amnésie à l’égard de la division de l’Europe  et de l’expérience communiste du « bloc de l’Est »,  il ne cessait de mettre l’histoire en perspective, il incitait à penser le différend, les ruptures, les choses tues.

Connu pour son humour, son talent d’orateur, Dragan se satisfaisait peu des demi-mesures, des approximations, des projets de complaisance. Ces dernières années, ses travaux de recherche pour de grandes fondations ou réseaux européens, son enseignement universitaire, ses engagements militants étaient autant de jalons pour ressaisir culturellement le projet européen.

Son départ nous laisse dans le désarroi, et nos pensées vont vers ses proches. Puissent ces mots nous rassembler dans un hommage.

 

Ghislaine Glasson Deschaumes