Traduction et constitution de nouveaux champs des savoirs en langue arabe

Texte de la conférence donnée à l’Université Saint Joseph lors de la journée de réflexion : « Beyrouth, carrefour de la traduction », le 19 novembre 2009

Mohamed-Sghir JANJAR


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1.    Du débat sur la traduction

A partir du milieu des années 1990, de nouveaux outils conceptuels font leur apparition dans les discours des experts internationaux œuvrant dans les domaines de l’éducation, la formation, les politiques de recherche scientifique et le développement humain en général. C’est le cas notamment des expressions « société de la connaissance » et « économie du savoir ». On les destinait à décrire la nouvelle situation mondiale engendrée par la rencontre entre, d’un côté, les dynamiques scientifiques et technologiques et, d’un autre côté,  un contexte économique concurrentiel complètement transformé par la fluidité des échanges internationaux.

On constate, en effet, que les marchés ne sont plus protégés par les frontières géographiques des Etats et que la compétition économique tend vers une globalisation toujours plus intense. Quant à la première conséquence de ce mouvement, elle se traduit par un bouleversement des stratégies économiques. Ainsi, celles qui se contentaient, jusqu’à une date récente encore, de l’exportation des matières premières ou de l’offre d’une main d’œuvre à bas prix, se voient supplantées par celles fondées sur la recherche et l’innovation. Une des dimensions majeures de ce qu’on appelle l’« économie du savoir », réside dans la formation d’acteurs économiques auto-programmables susceptibles d’assurer la production constante de nouvelles idées et de produits toujours plus efficaces. Autrement dit, le monde du 21è siècle semble exclure toute société qui ne participerait pas au processus mondial de production et de consommation des savoirs modernes. Au changement des stratégies économiques, correspond une mutation de l’université qui, jusque là, jouait le double rôle de fabrique des élites et d’asile de la pensée critique. Elle se trouve désormais projetée dans le champ mouvant où se croisent les exigences contradictoires du marché, de la science et celles de la pensée critique.

Traduction et « société de la connaissance » :  C’est à partir de cette nouvelle grille de lecture vulgarisée par le troisième Rapport du PNUD sur le « Développement humain dans le monde arabe » que fut ressuscité, dans le monde arabe, le débat sur la traduction comme moyen d’accès aux savoirs modernes et de dépassement du fossé scientifique séparant les sociétés arabes des sociétés occidentales.

Mais très vite, sans doute sous l’impact du contexte international né des évènements du 11 septembre 2001, les termes du débat vont être exprimés dans une rhétorique culturaliste tissée d’expressions comme « crise civilisationnelle» ; « défi civilisationnel », « dialogue des cultures» ou « rapprochement des cultures »1. Partant d’une connaissance partielle et approximative de la situation de la traduction dans le monde arabe, les premiers diagnostics furent alarmants, voire même choquants pour les décideurs politiques arabes. Le premier électrochoc a été provoqué par les comparaisons statistiques des volumes des publications et des traductions produits dans l’ensemble du monde arabe et en Israël (pour l’année 1986, par exemple, il s’agit de 268 titres traduits dans le monde arabe contre 462 titres en Israël dont la population est cinquante fois moins importante que celle du monde arabe)2. Le sentiment de fermeture du monde arabe aux autres s’est ainsi renforcé avec d’autres comparaisons avec certains petits ou moyens pays européens comme la Grèce ou l’Espagne. Mais c’est surtout la phrase provocante affirmant que les « Arabes n’auraient traduit, depuis le règne du Calife al-Mamoun, que 10 mille titres, soit le nombre des titres que traduit la seule Espagne en une année »3 qui a marqué les esprits et a eu le plus d’impact psychologique sur les élites arabes. Peu importe que cette affirmation soit erronée, le fait est que nous avons affaire à nouvelle explication de la « décadence » arabe (inhitât). Celle-ci serait due à l’insuffisance de l’effort en matière de traduction, et donc à trop d’enfermement culturel.

La guerre des chiffres : Le débat sur la traduction suscité par le rapport du PNUD précité, va d’abord être de nature statistique. La méconnaissance de la sociologie de l’édition, des circuits de circulation et de consommation des livres dans le monde arabe, et surtout l’ignorance des carences graves dont souffrent les modes de production des statistiques relatives à la production éditoriale arabe, ont fait que les chiffres publiés par ledit Rapport, en référence à ceux de l’Unesco et de l’Alecso, étaient loin de refléter l’état réel de la traduction dans le monde arabe. Nous avons pu le vérifier pour le cas du Maroc dans une étude publiée en 20054, où nous avons comparé, sur plusieurs années, les données statistiques élaborées localement à partir d’un catalogage direct des publications, et celles présentées dans le « Bulletin arabe des publications » édité par l’Alecso. Celui-ci ne signalait dans le meilleur des cas (l’année 2000) que 27 % des publications marocaines effectives. D’autres chercheurs comme Franck Mermier et Richard Jacquemond, ont montré dans des études récentes5 qu’il se publiait dans le monde arabe en moyenne entre 2000 et 3000 traductions par an, soit près de 7 fois les chiffres signalés dans le Rapport du PNUD. L’exemple du Maroc dont nous avons pu examiner en détail la production éditoriale et en matière de traduction, illustre bien le peu de fiabilité caractérisant les statistiques diffusées par les organismes régionaux et internationaux, et met en évidence les limites des conclusions qu’on en tire à propos de l’activité éditoriale, de la traduction et des pratiques culturelles en général.

Traduction et « dialogue des cultures » : Dans un deuxième temps, et avec l’émergence d’initiatives officielles arabes en matière d’aide et de promotion de la traduction, le débat interarabe va se saisir de la problématique en termes de « dialogue des civilisations », de « rapprochement des cultures » et d’« ouverture sur l’autre ». On considérait même que la traduction serait devenue la voie royale vers une nouvelle Nahda[6]. Cette rhétorique du « dialogue » mobilise volontiers l’idée de l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane et le souvenir d’un Beit al-hikma mythique, renvoyant l’image de Bagdad comme centre mondial de la traduction des patrimoines culturels, philosophiques et scientifiques grec, persan ou hindou. On laissait ainsi croire qu’il suffisait de lancer un vaste mouvement de traduction pour qu’adviennent les conditions d’une nouvelle Renaissance arabe et la fin du long cycle de « décadence ». Outre ses vertus culturelles, la traduction serait aussi, selon la  rhétorique diffusée par les experts arabes et internationaux, le remède à l’enfermement identitaire, au fanatisme et à la haine de l’Autre.

Il faut reconnaître que la rhétorique dialogique comme l’arme statistique, ont eu le mérite de sensibiliser les décideurs et les mécènes arabes à la nécessité de mettre en œuvre des programmes publics et des fonds d’aide à la traduction. On peut même affirmer, à la lumière de la dynamique que connaît ce secteur de la production intellectuelle et éditoriale depuis quelques années, que l’objectif de sensibilisation est en passe d’atteindre ses objectifs. Il faut souligner cependant que cela ne rend pas moins anachronique une approche qui établirait naïvement un parallèle entre deux époques historiques radicalement différentes, et se réfère à une séquence historique dont on ne dispose que de  peu de connaissances scientifiquement établies, malgré le nombre considérable d’ouvrages qui lui ont été consacrés dans le monde arabe contemporain7.

2.    Traduction et modernisation culturelle

Le faux débat autour des statistiques sera, sans doute, dépassé par des travaux systématiques de recensions documentaires et par l’élaboration de bases de données bibliographiques généralistes ou spécialisées consacrées aux traductions arabes8. Quant au débat sur la dimension civilisationnelle de la traduction et sa contribution au dialogue des cultures, il ressemble moins à un débat de fond qu’à une instrumentalisation idéologique de la question de la traduction dans le cadre de la gestion globale de la conjoncture née des évènements du 11 septembre 2001. La portée d’une telle entreprise se limite à ses effets rhétoriques et à la réalisation de son unique objectif concret que représentent la sensibilisation et une prise de conscience de l’importance de la traduction par les décideurs politiques et les grands mécènes arabes. Mais cette approche conjoncturelle semble loin d’apporter les éléments d’une réponse adéquate aux questions de fond.

Le monde arabe n’est pas la seule aire culturelle ou géopolitique qui doit faire face à la nécessité vitale de traduire les savoirs modernes produits en Europe et en Amérique du nord dans les temps modernes. Le Japon, la Chine, l’Inde comme la Corée du Sud se sont attelés à cette tâche tout au long du XXe siècle. Plus récemment encore, et suite aux grands bouleversements politiques survenus à la fin du siècle dernier, les anciens pays du bloc soviétique se sont mis à traduire massivement les classiques occidentaux. Des pays musulmans comme la Turquie ou l’Iran font face au même défi.

La question posée aujourd’hui aux pays arabes (élites intellectuelles, universités, centres de recherche, fonds et programmes de traduction, éditeurs, etc.) est comment esquisser la sortie de la situation présente que Richard Jacquemond avait résumée en une phrase lapidaire, exprimant tout le malaise arabe en la matière : « On traduit toujours trop peu, trop tard, jamais les livres qu’il faudrait traduire, et jamais comme il le faudrait » ?9

L’intuition inaugurale de Rifa’a al-Tahtawi (1801-1873) qui fut l’initiateur d’une Ecole des langues (Madrasat al-alsun) en 1835, après son retour de France où il a dirigé le premier groupe d’étudiants égyptiens envoyés apprendre les sciences modernes, est toujours d’actualité. La période coloniale et les quelques décennies qui l’ont suivie, ont peut-être atténué son caractère urgent, avec notamment la formation d’élites locales maniant la langue de l’occupant et ayant un accès direct à ses savoirs. Mais il a suffit aux différents Etats arabes de progresser sur la voie de la généralisation de l’enseignement en langue arabe, pour que la question ressurgisse, plus lancinante encore qu’au XIXè siècle.

La situation des savoirs dans un pays comme le Maroc illustre parfaitement ce constat. Après un demi siècle d’enseignement universitaire, la formation de milliers de doctorants et l’arabisation de l’enseignement supérieur de la quasi totalité des disciplines humaines et sociales, exceptés les sciences économiques et le management, on se retrouve avec près de 60 % des publications marocaines se répartissant entre la littérature, le droit, l’histoire et la religion. Autrement dit, les champs des savoirs dominant au début du XXIè siècle, ont quasiment la même configuration que ceux traditionnels dans lesquels excellait l’élite locale à la veille de l’instauration du protectorat franco-espagnol. L’analyse bibliométrique de la production intellectuelle marocaine, nous amène à considérer que dès la fermeture de la parenthèse coloniale et avec l’arabisation de l’enseignement, la tradition intellectuelle avait repris ses droits, en réactivant progressivement les champs des savoirs anciens10. Ce constat s’applique également aux autres pays arabes où le secteur de l’édition est toujours dominé par les publications de nature religieuse, littéraire, politique ou historique11. Créées pour répondre aux besoins de modernisation de l’administration, l’économie, l’éducation et la pensée, les universités arabes, faute de s’approprier les champs des savoirs modernes, ont surtout contribué à la retraditionnalisation de la pensée et de la culture.

Traduire pour faire émerger les champs des savoirs modernes en langue arabe

C’est au XIXè siècle que s’est opéré en Europe la révolution épistémologique capitale qui a donné naissance à la multitude de savoirs organisés en disciplines scientifiques reconnues aujourd’hui sous diverses dénominations : sociologie, anthropologie, ethnologie, ethnographie, économie, géographie, histoire, psychologie, science politique, histoire de l’art, musicologie ou archéologie. Les anciennes disciplines comme la philosophie ou la critique littéraire connurent, de leur côté, des mutations profondes. Plus tard, de nouvelles disciplines connexes voient le jour au sein des universités américaines et européennes (cultural studies, gender studies, relations internationales, santé publique, etc.) Chacune de ces disciplines a développé son objet, ses méthodes de recherches et son appareil conceptuel propres. Et c’est ainsi que s’est formé à travers chacune d’elle un corpus dynamique de connaissances théoriques et pratiques. Ces disciplines connaissent, depuis plusieurs décennies, une orientation méthodologique vers plus d’interdisciplinarité et de pluridisciplinarité, de transdisciplinarité, grâce notamment à une complexification accrue des objets d’étude et la tendance à une spécialisation toujours plus fine et précise.

Si ces disciplines scientifiques se sont développées en Occident et ont connu une vitalité et un développement permanent, c’est surtout en raison du fait qu’elles répondent à des besoins intellectuels et sociaux divers liés à la recherche, l’enseignement supérieur, l’éducation à ses divers niveaux, la vulgarisation des connaissances et aussi les attentes de l’économie et de l’administration. Mais tout en s’inscrivant dans le cadre de l’Etat-nation et répondant à ses besoins, les sciences sociales et humaines modernes continuent à obéir à des impératifs épistémologiques universels.

A défaut de réformes sociales, politiques et religieuses profondes qu’exige la vie normale de l’Etat-nation moderne, les sociétés arabes n’ont pas réussi à faire émerger ces savoirs modernes au sein de leurs universités et dans le champ culturel en général. Faute d’une telle révolution scientifique et culturelle, même la relecture de leurs traditions intellectuelles s’est transformée en une sorte de retraditionnalisation stérile du système éducatif et des esprits. La revendication identitaire et le discours nostalgique d’un « âge d’or » culturel, ont fini par neutraliser l’intuition inaugurale de pionniers comme al-Tahtawi ; intuition qui n’imaginait aucune issue en dehors du processus de modernisation des sociétés arabes ; processus qui passe nécessairement par l’école de l’Occident.

La traduction serait ainsi l’expression forte de cette volonté d’apprendre et de se reconstruire.  Les stratégies arabes de traduction dont on parle tant, ne pourraient produire l’effet escompté qu’au prix d’une prise de conscience aiguë du retard enregistré par les sociétés arabes sur le plan de l’appropriation des champs de savoirs modernes. A partir de là, nous pouvons mesurer l’étendue de la tâche et imaginer les voies et moyens optimaux pour la réaliser. On peut d’ors et déjà considérer que, compte tenu de l’état actuel du monde arabe, la stratégie  du rouleau compresseur (tout traduire) est non seulement impossible, en raison de nos moyens humains, intellectuels, linguistiques et matériels, mais aussi irrationnelle et contre productive. Une analyse rapide des expériences lointaines aussi bien dans le temps (époque abbasside) que proche (l’expérience de modernisation littéraire qui s’est enclenchée dans les années 1950 – 1960 à Beyrouth), montre l’efficacité d’une approche à trois niveaux : traduction des textes fondamentaux, celle des études assurant une vulgarisation intelligente de leurs contenus et  la traduction des outils pédagogiques susceptibles de faire en sorte que la pensée moderne puisse irriguer la culture, la société, l’économie et la politique. Une telle tâche exige pour sa réalisation une répartition rationnelle du travail entre les divers acteurs publics et privés.

Le premier niveau : est celui de la construction, dans la langue arabe, des systèmes de savoirs modernes, constitués en champs disciplinaires répondant aux besoins de l’enseignement, de la recherche et de la culture en rapport étroit avec l’économie, l’administration et la gestion de la société. Cette tâche doit être l’œuvre des chercheurs, des scientifiques et des traducteurs spécialisés. C’est un travail complexe intellectuellement, exigeant et de longue haleine. Il concerne les universités, les centres de recherche, les institutions publiques de traduction, les grands fonds et programmes d’aide et de promotion de la traduction. Il doit porter sur les textes fondamentaux, les classiques de chaque champ disciplinaire, les outils de références (dictionnaires spécialisés, grandes encyclopédies thématiques, etc.)

Le second niveau : c’est celui de la vulgarisation des savoirs modernes destinés à répondre aux besoins de la société en matière de culture générale ; opération qui peut être assumée par les éditeurs privés. Elle concerne les études de synthèse, les travaux critiques, les collections d’ouvrages de référence visant le large public cultivé, les acteurs opérant dans la presse et les médias et tous ceux qui contribuent à la culture générale et à façonner l’opinion publique.

Le troisième niveau : concerne l’introduction de ces savoirs modernes dans le système éducatif par la production d’outils pédagogiques adaptés aux élèves, aux étudiants et aux enseignants. La généralisation de l’enseignement exige, sans doute, l’apprentissage des langues étrangères, mais l’expérience a montré qu’il serait vain de croire faire accéder une société à la culture moderne, sans le développement de la/les langue(s) nationale(s). A ce niveau de l’entreprise de traduction, il s’agit d’opérer la dissémination des savoirs modernes dans la société à travers les commentaires, les textes introductifs, les éditions bilingues et les dictionnaires adaptés aux exigences de l’enseignement. Cette tâche peut être assumée par les différents appareils pédagogiques des Ministères de l’Education nationale, les centres de recherche à vocation pédagogique ou les éditeurs privés spécialisés.

3.    En guise de conclusion

Après une première phase de sensibilisation qui, comme nous l’avons signalé, serait en passe d’atteindre ses objectifs avec la mise en place de nombreux programmes publics et privés de promotion de la traduction, le nouveau cycle qui s’ouvre pour le mouvement de traduction arabe doit être consacré à l’élaboration d’une vision susceptible d’offrir une orientation à la dynamique actuelle.

L’aspiration visible et audible des sociétés arabes contemporaines à renouer avec leur patrimoine culturel, a tout à gagner de la traduction et du transfert des savoirs modernes dans la langue arabe. Car il faut rappeler que l’intelligibilité et l’appropriation du patrimoine culturel et scientifique arabe ne nous seraient pas données par la grâce d’une quelconque appartenance à cette culture. De même que la catégorie du « turath », avec la notion d’héritage immédiat et accessible qu’elle véhicule, serait inadéquate pour penser la problématique du patrimoine intellectuel aujourd’hui. Et si l’Europe a pu redécouvrir son « héritage » culturel ainsi que ceux des autres, c’est notamment par la médiation d’un savoir nouveau. Le travail intelligent d’une traduction orientée vers les œuvres fondamentales de la pensée moderne ne serait pas seulement un pas en direction de l’autre, mais aussi et surtout, le moyen de penser notre propre être culturel et historique.   

 


[1] Voir, par exemple, le vocabulaire utilisé par les argumentaires des divers programmes arabes de promotion de la traduction comme celui initié par la Fondation Mohamed Ben Rachid Al-Maktoum qui vise à traduire 1000 ouvrages en trois ans, soit un livre par  jour. C’est aussi dans cet esprit qu’œuvre l’Organisation arabe de la traduction à Beyrouth et d’autres institutions arabes publiques et privées.

[2]  شوقي جلال محمد، "تقرير المسح الميداني لوضع الترجمة الراهن في الوطن العربي"، في الترجمة في الوطن العربي : نحو إنشاء مؤسسة عربية للترجمة، بيروت : مركز دراسات الوحدة العربية، 1998، ص. 97.

[3] Cette phrase fut publiée dans le livre de l’Alecso (l’Organisation Arabe pour l’Education, la Culture et les Sciences) intitulé un Plan arabe pour la traduction (الخطة القومية للترجمة) ; reprise par Chawki Jalal Mohamed dans l’article précité et popularisée par le troisième Rapport sur le développement humain arabe (PNUD, 2003) consacré au thème “Construire une société de connaissance”.

[4] Mohamed-Sghir Janjar, « L’édition dans le Maroc indépendant : 1955-2003 » in Dimensions culturelles artistiques et spirituelles, Cinquantenaire de l’Indépendance du Royaume du Maroc, Rabat, 2005.

[5] Voir Richard Jacquemond, « Les politiques publiques de traduction vers l’arabe des années 1950 à nos jours » in La traduction des sciences sociales dans le monde arabe contemporain, Casablanca : Fondation du Roi Abdul-Aziz, 2008, p. 53. Franck Mermier, Le livre et la ville : Beyrouth et l’édition arabe, Arles : Actes Sud / Sindbad, 2005,  p.  181.

[6] Il suffit d’examiner les thématiques des dizaines de colloques et congrès organisés partout à travers le monde arabe, les intitulés des Prix, Fonds et Programmes d’aide à la traduction, pour  se rendre compte du peu de réalisme et du caractère émotionnel, voire apologétique du débat actuel sur la traduction.   

[7] Le livre de Dimitri Gutas intitulé : Pensée grecque, culture arabe : le mouvement de traduction gréco-arabe à Bagdad et la société abbasside primitive, II-IV, VIIIe-Xe siècles, trad. de l’américain par Abdesselam Cheddadi, Paris : Aubier, 2005. Il a été traduit également en arabe par Nicolas Ziyada :

الفكر اليوناني والثقافة العربية : حركة الترجمة اليونانية-العربية في بغداد والمجتمع العباسي المبكر، بيروت : مركز دراسات الوحدة العربية، 2003.

Ce livre apporte un éclairage nouveau sur le mouvement de traduction gréco – arabe qui débuta avec l’accès des  Abbassides  au pouvoir. Il montre, entre autres, que ce mouvement était  :

-   un phénomène social  qui s’est déployé sur une période relativement longue de près de deux siècles : 8e-10e siècles.

-   il a été porté par l’ensemble de l’élite de la société : les califes, les princes, les marchands, les banquiers, les chefs des armées, les professeurs et les savants ;

-   il a mobilisé tous les groupes ethniques et religieux ;

-   il a bénéficié d’énormes subventions publiques et privées ;

-   il a été réalisé suivant une méthode scientifique rigoureuse sur la base d’un programme porté par plusieurs générations de traducteurs. 

[8] A signaler à ce propos le travail entamé par la Fondation du Roi Abdul-Aziz pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines à Casablanca, et qui consiste à élaborer une base de données bibliographiques couvrant les traductions arabes dans les domaines des sciences sociales et humaines. Un premier CD-Rom a été publié en 2007, recensant près de sept mille titres traduits de quelques 36 langues. Un effort  de mise à jour de cet outil bibliographique se poursuit pour donner lieu à une seconde édition du CD-Rom en 2010.

[9] Richard Jacquemond, ibid., p. 53

[10] Mohamed-Sghir Janjar, ibid, p. 55.

[11] Chawki Jalal Mohamed, ibid, p. 69.