Tous en un

Les sources culturelles de la révolution égyptienne

Gamal GHITANY

Traducteur : JACQUEMOND Richard


Ce vendredi 11 février fera date dans la mémoire égyptienne et dans celle de l’humanité. De bonne heure le matin, la place Tahrir était déjà bondée. Spectacle grandiose, qui a quelque chose de sacré : cette multitude comme on n’en avait jamais vu fait penser aux foules de pèlerins dans les lieux saints. Mais tous ces gens ne sont pas là pour accomplir un rituel religieux, ils sont venus demander la liberté, la justice, une vie plus digne, la fin de la corruption et de la dictature. Depuis le début de la révolution, le 25 janvier, la place Tahrir est plus qu’un lieu, un symbole. Le foyer de la révolution, où convergent non seulement la jeunesse cairote mais aussi des Egyptiens venus de tout le pays, des villes situées aux confins du désert, de Basse et de Haute-Egypte. Ils sont venus sans savoir s’ils reverront leurs proches, ils ne possèdent rien au monde mais ils se sont débrouillés pour apporter un peu à manger à des gens qu’ils ne connaissent pas. Ils sont venus, portant des paniers de pain et de nourriture. Ne trouvant personne à qui les remettre, ils les abandonnaient sur place et retournaient s’asseoir et manifester. Venait alors quelqu’un pour distribuer aux révolutionnaires les provisions. J’ai vu deux hommes se partager un œuf, mais je n’ai jamais vu personne se disputer quelque chose. On ne se dispute que l’espace où mettre les pieds. Des familles aisées ont acheté des couvertures pour des gens qu’ils ne connaissaient pas, pour qu’ils se chauffent dans la nuit – car cette révolution s’est faite pendant les nuits les plus froides de l’hiver. Il a plu aussi, mais les gens qui se sont soulevés pour la liberté se chauffaient avec leur esprit, avec leur détermination. « Les gens » : on ne comprend vraiment le sens de ce mot que quand on le voit s’incarner dans ces multitudes venues de toutes parts. Des jeunes, mais aussi des personnes âgées, venues de leur pas tranquille, appuyées sur leurs cannes.

Et cette scène inouïe dans l’histoire des révolutions, dont la force symbolique me bouleverse : des pères et des mères qui portent leurs bébés sur leurs épaules ou leurs poitrines. Dans tout ce que j’ai lu sur les révolutions égyptiennes, je n’ai jamais vu quelque chose qui ressemble à cela, ces familles entières, père, mère et enfants venus occuper la place et y passer des jours et des nuits, jusqu’à ce vendredi grandiose. Les manifestations que j’ai connues ou dont j’ai lu les récits étaient pour l’essentiel des manifestations d’hommes, surtout jeunes. Certes, les femmes ont participé aux manifestations contre l’occupation britannique en 1919 : elles sont sorties des quartiers et des ruelles de la vieille ville, de l’école de filles Sanieh, et elles ont organisé leurs propres manifestations où elles ont ôté le voile et fait face bravement aux soldats anglais. On les a retrouvées dans les autres grands mouvements révolutions de l’Egypte dont le dernier fut celui des étudiants contre le président Sadate et sa politique dans les premières années 1970 – eux aussi s’étaient concentrés sur la place Tahrir, à la fois centre politique du Caire et sa plus vaste place, créée par le khédive Ismaïl à la fin du XIXe siècle sur le modèle de la place de l’Etoile à Paris. Même à l’époque mamelouke, les femmes participaient aux manifestations populaires. Mais que des familles entières, avec des enfants en bas âge, sortent manifester, cela, c’est inouï.

Cela me rappelle l’esprit de famille qui s’exprime dans certaines scènes conservées au Musée égyptien, qui a malheureusement subi quelques dégâts. Les artistes de l’Egypte ancienne ont représenté la famille, le père et la mère autour du fils ou de la fille, la main de l’homme ou de la femme posée avec tendresse sur l’épaule de son partenaire. Toutes les fresques d’Akhenaton à Tell el-Amarna sont des scènes familiales. Le sens de la famille est profondément ancré dans le peuple égyptien. Dans le Vieux Caire, j’ai souvent assisté à des scènes semblables à celles de l’art égyptien ancien : ce vendeur ambulant qui porte son enfant tout en poussant sa charrette, ce chauffeur de bus qui a devant lui une photo de son fils. Parmi les inscriptions sur les taxis et les camions dont le sociologue Sayyid Uways a fait l’inventaire, beaucoup expriment l’attachement à la famille et invoquent la protection divine pour les enfants. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’une des choses qui ont le plus affecté les Egyptiens depuis le début de la politique d’infitah sous Sadate soit l’éclatement de la famille : tous ces fils et ces pères contraints d’aller travailler dans les pays arabes, ces milliers de jeunes contraints d’embarquer sur les bateaux de la mort pour atteindre l’autre rive de la Méditerranée. Je me souviens de ce village de Haute-Egypte où j’étais venu un jour apporter à une famille pauvre une aide du journal où je travaille : il n’y avait que des femmes et des hommes âgés, la plupart des maris étaient partis à l’étranger. L’Egypte n’a jamais rien connu de tel dans son histoire. Les Egyptiens sont très attachés à leur proche famille, et à la famille plus élargie qu’est la nation, l’humanité. Au temps du Haut Empire, le pharaon exila son ministre Sinouhé dans une île de la Méditerranée, peut-être Crète ; le plus insupportable pour Sinouhé était l’idée de mourir et d’être enterré dans une terre étrangère, et les lettres qu’il envoya au Pharaon, qui comptent parmi les plus anciens textes de la littérature universelle, sont considérées comme l’expression la plus éloquente de la nostalgie et de la dureté de l’exil.

Beaucoup pensaient que les dures conditions économiques et la corruption croissante du régime dans les dernières décennies avaient ébranlé le peuple égyptien, mais la révolution est venue prouver que le cœur était sain et qu’il n’attendait que l’étincelle. Le silence n’avait que trop duré. J’ai toujours attiré l’attention sur la particularité du mouvement des Egyptiens, et que personne ne devait se laisser berner par cet apparent silence devant la corruption et l’injustice. Je regardais le temps passer et je craignais de devoir quitter la vie sans que rien n’ait bougé. Tout au long des soixante dernières années, ma génération n’a pas été ménagée. De la confiscation des libertés sous Nasser à la corruption de Sadate qui n’a cessé de s’aggraver sous Moubarak, aidée par la longueur de son règne, l’intelligence malfaisante et la sauvagerie brutale avec laquelle il traitait les Egyptiens. Les appareils d’Etat se sont mis au service d’une mafia, en particulier la police, dotée de forces spéciales en civil, chargées d’agresser les manifestants. Il y a eu des meurtres mystérieux, des tabassages d’opposants sur des routes écartées, d’autres ont été enlevés et jetés dans le désert comme le professeur Abdel-Wahab el-Messiri, qui était pourtant malade. C’était un régime brutal, sanglant vis-à-vis des opposants, surtout quand ils touchaient au cercle familial du président.

Les Egyptiens se sont longtemps tus, mais leur être intime s’est éveillé le 25 janvier et le mouvement a atteint son apogée ce vendredi sacré où les Egyptiens sont devenus un, tous en un, selon l’expression que l’on trouve dans les textes égyptiens anciens sur l’anéantissement de l’individu limité dans le cosmos illimité. Ce vendredi 11 février, la place Tahrir était trop petite pour les accueillir tous : hommes, femmes et enfants, voilées à côté de non voilées, musulmans à côté des chrétiens, pendant la prière des chrétiens les musulmans font barrière pour les protéger et vice-versa. Oubliés les incidents confessionnels dont on a maintenant toutes sortes de preuves qu’ils étaient attisés par le régime. Dix-huit jours d’occupation continue durant lesquels pas une femme n’a été harcelée, pas une main n’a tenté de voler, pas une vitrine n’a été brisée. Quand quelques infiltrés appelaient à la violence, aussitôt tout le monde scandait : « Silmiyya, silmiyya » (pacifique). Les tensions sociales qui prévalaient avant la révolution ont disparu. La société souffrait d’un climat inhumain, d’une dépression collective, le moindre incident pouvait dégénérer en bagarre. Sur la place Tahrir, l’état d’esprit des Egyptiens a changé du tout au tout : les médecins venus par dizaines ont ouvert des hôpitaux de campagne aux entrées des stations de métro et dans les passages entre les immeubles, ils se sont répartis les responsabilités et les tours de garde. Ils n’avaient pas nécessairement d’activité politique avant la révolution, mais ils se sont entièrement impliqués non seulement dans leur devoir professionnel et humain, mais aussi dans les manifestations ; ils font face aux nervis du régime et aux criminels délibérément relâchés par l’ancien ministre de l’Intérieur pour frapper les rassemblements de révolutionnaires et terroriser l’ensemble de la société égyptienne. Le retrait subit de la police restera une tâche sombre dans l’histoire de l’Egypte. Je n’oublierai pas la première nuit où la police a disparu sur ordre, livrant le pays aux criminels et aux prisonniers relâchés. Cette nuit-là, tandis que les appels au secours se succédaient à la radio et à la télévision, je suis descendu dans la rue avec les autres habitants de mon immeuble, chacun armé qui d’un bâton, qui d’un couteau de cuisine ou d’une arme légère. Les criminels avaient des armes blanches et des armes à feu. Le quartier de Zahra, près de chez moi, a été la proie d’un pillage en règle. Cette nuit d’effroi et les suivantes resteront dans l’histoire nationale comme le moment où le régime a révélé sa vraie nature. Tandis que sur la place Tahrir, les Egyptiens avec leurs enfants, leurs femmes et leurs anciens incarnaient l’espoir d’une vie meilleure, les abords de la place étaient aux mains des voyous et des repris de justice. Au long des dernières décennies, le régime a suscité l’émergence d’une nouvelle classe qui a pillé le pays et ses richesses : il a ouvert les coffres des banques à ses hommes d’affaires, leur a donné des milliers d’hectares de terres où certains se sont même fait construire des aéroports privés. Ce sont eux qui ont organisé et financé les attaques des criminels contre le peuple qui ont fait des centaines de victimes.

Malheureusement, ce régime est encore debout. La tête est tombée, quelques-uns de ses hommes, mais le régime est toujours là. Pour le changer, nous avons besoin d’élargir la vision, d’accélérer le mouvement. L’union des Egyptiens, leur résurrection peut être l’annonce d’une ère nouvelle dans tous les domaines, - culturel, politique et économique -, comme cela fut le cas après la révolution de 1919, mais pour recueillir les fruits de cette révolution il nous faut un cadre, un régime, des visages nouveaux, et tout cela est encore en difficile gestation.

Le matin du 11 février, toute l’Egypte était une place Tahrir : une place de la Libération. Le mouvement a pris corps, la révolution que personne n’attendait plus, quand tout le monde pensait que les esprits étaient affaiblis. Situation très particulière, que seul peut comprendre celui qui connaît intimement la culture égyptienne, sa genèse et son histoire. Des services de renseignements étrangers ont été critiqués pour n’avoir rien vu venir, mais si l’on ne comprend pas la culture latente des Egyptiens qui agit lentement, en profondeur, on ne peut prévoir ce qui va ce passer. Sans lire et méditer le Livre des morts, dont les textes accompagnaient ceux qui partaient vers l’Eternité, sans comprendre la vision égyptienne du monde qu’expriment les textes anciens, les chansons populaires et les dictons comme celui-ci : « Endure le mauvais voisin, car soit il finira par lui arriver malheur, soit il partira ». Sans lire les sources de l’histoire de l’Egypte à l’époque mamelouke – Maqrizi, Ibn Iyas, Ibn Taghribardi – et Jabarti pour l’époque ottomane et la période d’occupation française, sans lire la Complainte du paysan éloquent, L’âme retrouvée de Tawfik al-Hakim, les œuvres de Naguib Mahfouz, et tous les chefs d’œuvre de la littérature et de la création égyptienne modernes, sans comprendre en profondeur cette parole antique, tous en un, on ne peut comprendre la dernière révolution égyptienne ni anticiper ce qui va la suivre.

Parmi les choses qui méritent réflexion, il y a l’attitude de l’armée. Le régime y a eu recours en s’imaginant qu’elle mettrait sa force au service de la répression. Si les dirigeants qui ont pris cette décision avaient étudié l’histoire de l’armée égyptienne, ils y auraient réfléchi à deux fois. Depuis sa création sous le règne de Mohammed Ali, le fondateur de l’Egypte moderne, l’armée égyptienne n’a jamais réprimé son peuple. Dans les moments critiques, elle s’est mise en avant : tout comme Ahmed Orabi tint tête au khédive sur la place Abdine, le maréchal Mohammed Hussein Tantawi et ses compagnons a tenu tête à Moubarak au moment où pointait le spectre de l’effondrement de l’Etat. Le président n’a pas abdiqué, il y a été contraint. S’il avait lu l’histoire de l’armée – lui qui est issu de ses rangs et qui a été l’une de ses grandes figures –, il aurait compris. Quand l’armée a investi la rue, elle a été accueillie à bras ouverts. Les scènes de fraternisation entre soldats et manifestants, les Egyptiens à bord des chars de l’armée, les soldats partageant leur repas avec les manifestants, les chars tagués « A bas Moubarak », tout cela restera dans la mémoire collective. C’est peut-être la première fois dans l’histoire que des chars envoyés pour réprimer une révolution se retrouvent ainsi couverts des slogans de cette révolution. Pas le moindre accrochage entre un soldat et un manifestant, mais au contraire une compréhension bienveillante : l’armée faisait désormais partie du peuple soulevé. Je ne craignais rien autant qu’un accident, même involontaire, mais tout s’est bien passé : l’intervention des chefs de l’armée a été décisive, ils ont sauvé un nombre incalculable de vies de leurs compatriotes. Et pendant toute cette journée de vendredi, « tous étaient en un » : si l’on ne saisit pas le sens cette expression et son arrière-plan culturel, on ne comprendra pas les implications profondes de ce qui s’est passé.

Les Egyptiens se sont unifiés, ils se sont mis à avancer comme un seul homme. Ce vendredi matin, j’ai choisi de me joindre à ceux qui marchaient vers le palais présidentiel, Qasr el-Orouba. Cette marche a commencé la veille au soir, à la suite du dernier discours du président déchu qui a mis le feu aux poudres. Plusieurs groupes de quelques centaines de manifestants sont partis de la place Tahrir, empruntant la rue Ramsès II, l’une des principales artères du Caire, en direction d’Héliopolis et précisément du palais présidentiel : environ six kilomètres, deux heures de marche, un parcours que personne ne fait jamais à pied sauf dans des circonstances exceptionnelles comme cette nuit-là : les manifestants sont partis de la place Tahrir et d’autres coins du Caire en direction de Qasr el-Orouba, le palais présidentiel. Ils n’ont rencontré aucune opposition, à la différence de ce qui se passait dans les premières marches vers Tahrir organisées le 25 janvier et les jours suivants, quand la police était encore présente. Je me souviens avoir été frappé, le 26 janvier, par la connaissance qu’avaient les jeunes manifestants de la topographie des rues et quartiers de Boulaq : ils avançaient par petits groupes, entraient par un endroit et sortaient par un autre pendant que la police, incapable de s’aventurer dans ces quartiers qu’elle ne connaissait pas, les attendait en vain dans les rues principales. Le but de ces jeunes était d’arriver à la place Tahrir, le centre de la ville et le point de rencontre des révolutionnaires où tous devenaient un.

Ce vendredi 11 février donc, je suis sorti de chez mes frères à Médinet Nasr et j’ai commencé à marcher en direction de la mosquée Rabaa el-Adawiya. Mosquées et églises ne sont plus seulement des lieux de culte, ce sont des lieux de rassemblement. Il y avait déjà des milliers d’orants tout autour de la mosquée, alignés en rangs pour la prière du vendredi que suivrait aujourd’hui la prière du besoin, une prière spéciale que l’on accomplit avant de s’engager dans une entreprise exceptionnelle dont on risque de ne pas revenir.

Ensuite, j’ai marché avec tout le monde vers le palais présidentiel, à quelques deux kilomètres de là. Prudemment au début, car deux jours plus tôt, sur ce même parcours, j’avais vu la Garde républicaine, des forces spéciales dotées d’armes dernier cri, qui prennent leurs ordres directement du président. Leur position était un motif d’inquiétude, mais on ne savait pas alors que l’armée régulière avait pris leur place depuis la veille au soir, et surtout que la décision de déchoir le président était acquise et qu’il ne restait plus qu’à la rendre publique.

La foule avançait, venue de toutes parts. Des gens du peuple venus des quartiers informels où tout le monde ou presque vit sous le seuil de pauvreté. Les intellectuels ont toujours eu peur que ces gens-là, le temps de la révolution venu, ne viennent tout casser. Il n’en a rien été : pendant tout le soulèvement, les pauvres se sont comportés exactement comme les gens aisés, ils n’ont rien fait qui porte tort aux gens et au mouvement ; ils y ont participé et leur comportement n’a pas été différent de celui des riches et des gens aisés. La révolution a imposé son langage à tous, elle a uni les gens par delà les distinctions de classe ou de religion. Quand nous sommes arrivés sur les grandes avenues cossues autour du palais présidentiel, ces manifestants venus des quartiers pauvres n’en croyaient pas leurs yeux ; pour certains, c’était la première fois qu’ils venaient à Héliopolis et qu’ils voyaient le palais, ainsi que me l’a dit un habitant de Mancheyet Nasser, qui n’est pourtant qu’à quelques kilomètres de là. Au milieu de cette foule toujours plus dense, je commençais à me sentir partie prenante de tout cela, ma prudence et la sensation de fatigue liée à ma santé fragile passaient au second plan, mes pas prenaient une signification particulière : je me dirigeais maintenant vers le siège de la dictature, ce palais où j’avais été convié aux cérémonies de remise de médailles à Naguib Mahfouz ainsi qu’au grand chirurgien Magdi Yacoub. Mais ce vendredi, la situation était tout autre. Je n’étais qu’une partie du tout, le tout était en moi, nous étions un. On avançait de plus en plus difficilement. Autour de moi, des bourgeoises élégantes voisinaient avec des femmes du peuple trop peu habillées par cette journée froide. Les chars de la garde présidentielle ne bougeaient pas, leurs occupants échangeaient des saluts avec les manifestants, tout comme quelques francs-tireurs de la garde présidentielle postés sur les terrasses des immeubles avoisinants. Toute la zone autour du palais d’El-Orouba ne fut bientôt plus qu’une marée humaine, grondant comme les vagues de l’océan, dont on ne savait où elle commençait ni où elle finirait. Quand ils sont unis de la sorte, quand ils avancent en masse pour annoncer leur révolution ou réaliser le but qu’ils se sont fixés, les êtres humains ressemblent à la nature. Moment rare, fécond, où se cristallise le sens profond de cette expression : tous en un. Peut-être est-ce ce moment où a été annoncée la déposition de la tête du régime et la réaction de ce « tous en un » qui s’en est suivie, peut-être est-ce ce moment que je me rappellerai, peut-être est-ce sur lui que mes yeux se fermeront quand commencera mon voyage vers l’éternité.