Deuxièmes Ateliers culturels euro-méditerranéens

La parole de la femme face à la figure du tyran, du 26 octobre au 9 novembre 2000 à Marrakech (Maroc)


  • fr
  • en
  • Mode multilingue
  • Mode simple

Programme de l’année 2000 mis en oeuvre par Transeuropéennes / Réseaux pour la culture en Europe (Paris), avec la Fondation Européenne de la Culture (Amsterdam), la Fondation Abdul-Aziz Al Saoud (Casablanca), la Escuela de Traductores de Toledo (Tolède), et en partenariat avec la Fondation du Roi Abdou Al-Aziz (Casablanca), l’association Chouala pour l’éducation et la culture (Casablanca), l’association Diwan Al Adab (Marrakech) ; avec le soutien du Ministère français des Affaires étrangères, de la Fondation Européenne de la Culture, de l'Ambassade de France à Rabat, de la Délégation des Affaires culturelles du Ministère marocain de la Culture et de la Communication à Marrakech, et la participation du Musée de Marrakech.



L’argumentaire du programme

 

L’Europe n’est pas monolithique. L’espace méditerranéen ne l’est pas non plus. Pourtant, les perceptions que les uns ont des autres ont tendance à simplifier à l’extrême l’autre dans sa réalité complexe. L’Europe des Quinze apparaît aux voisins méditerranéens comme une forteresse, arrogante, tandis que beaucoup d’Européens ne voient dans les pays du Sud de la Méditerranée qu’une menace potentielle en termes d’immigration, ou encore une zone d’influence privilégiée...

Aujourd’hui, au quotidien, dans les mentalités comme dans les politiques des Etats, l’interdépendance reste une réalité bien négligée, et la valeur d’enrichissement mutuel des cultures ne paraît pas être d’actualité. Prévalent les discours identitaires, la fragmentation nationale ou communautaire du patrimoine culturelle commun, le cloisonnement entre les disciplines, la difficulté de mise en circulation des personnes et des idées.

Le mot d’ordre d’une «guerre des civilisations» et des identités, que certains voudraient inéluctable, a gagné du terrain sur les deux rives de la Méditerranée, puisant dans les cultures pour justifier une fin politique.

Les artistes, chercheurs en sciences humaines, écrivains, traducteurs, responsables de revues d’idée engagés dans les dynamiques de traduction entre les cultures, de circulation entre les langues, entre les imaginaires, savent au contraire la force des passerelles pour rencontrer l’autre, dans sa différence et sa ressemblance. Le programme des ACEM s’adresse à eux, les invitant à se confronter au réel de la rencontre et du travail en commun, si difficiles soient ces derniers.

La volonté de créer ce programme obéit donc à une double nécessité : ramener concrètement la vie des arts et des idées au coeur du partenariat euroméditerranéen; créer un espace informel de coopération et d’échange culturel pour celles et ceux qui sont porteurs dans leurs sociétés d’un nouvel imaginaire, de nouveaux élans de pensée.

En affirmant l’angle d’approche culturel à travers les Ateliers culturels euroméditerranéens (ACEM), Transeuropéennes et ses partenaires font ici le pari que, dans le contexte euroméditerranéen, la culture, les arts et sciences humaines ensemble sont facteurs de compréhension mutuelle et de dialogue.

 

La traduction contemporaine des cultures : un fil rouge

Dans le déchiffrage des terrains de crise, potentielle ou à l’oeuvre, dans l’analyse des antagonismes supposés préétablis et des blocages qu’ils créent, dans le regard porté sur le monde contemporain et ses accrocs, la traduction et la réflexion sur la traduction ont une pertinence particulière.

Par l’expression "traduction des cultures", il faut entendre la traduction non pas au sens technique du terme, mais sous l’angle d’une passerelle permettant une réflexion sur l’identité, sur la référence, sur les représentations de l’autre, sur les formes de relations culturelles entre les rives de la Méditerranée. Cet intitulé suppose donc le dépassement des problématiques strictement littéraires, et implique une réflexion sur les passages entre les différentes formes d’art et/ou d’expression de la pensée.

Travailler sur la traduction des cultures, c’est non seulement se demander pourquoi l’on traduit, ce que l’on traduit et comment on traduit. C’est aussi s’interroger sur l’intraduisible, sur les récits de l’intraduisible en Méditerranée et, par là, mettre en question la thématique de l’inconciliable, la question de la modernité, la question de l'original/originel et de la traduction/trahison. Une telle interrogation demande encore nécessairement que l'on réfléchisse sur le rapport entre l'écrivain et/ou l'artiste comme personne et l'imaginaire collectif (d'un peuple, d'une société, etc.).

C'est donc bien d'un enjeu de civilisation qu'il s'agit, lorsqu'il est question de la traduction des cultures.

 

Les objectifs du programme

Partant de la diversité culturelle, sociale, économique, politique des différents pays du pourtour méditerranéen, et de leur difficulté à instaurer un dialogue approfondi, les Ateliers culturels euroméditerranéens entendent par conséquent : 1. créer par la mobilité et la rencontre les conditions d’un dialogue, d’un échange, d’un travail commun ; 2. développer auprès de jeunes chercheurs et créateurs, qui auront ensuite un rôle multiplicateur, une culture de la civilité contre la culture de guerre, à travers l’imaginaire et la pensée, et non par des pétitions de principe ; 3. instaurer en Méditerranée un réseau informel de structures culturelles et associatives, d’acteurs du monde culturel et associatif qui, se démarquant du discours des identités fermées, sont désireux de mettre en place une coopération durable et de valoriser les références communes.

Pour mieux circuler dans les esprits et dans l’espace, et éviter un ancrage géopolitique définitif, les ACEM sont conçus comme un programme itinérant, bénéficiant du relais de plusieurs structures culturelles associées. Il se compose à compter de 2001 de trois types d’événements :

1. Les Ateliers, à proprement parler. Il s’agit, avec les Ateliers culturels euroméditerranéens (ACEM), de réunir durant quinze jours une trentaine de doctorants ou étudiants en fin d’étude, femmes et hommes, dans les domaines de la littérature comparée, de la philosophie, de la linguistique, de la traduction, du théâtre, de l’écriture cinématographique ou photographique, venus de tous les pays du pourtour méditerranéen, et recrutés indépendamment des institutions, pour qu’ils travaillent ensemble librement dans le cadre d’ateliers et de séminaires. L’interdisciplinarité est l’un des piliers de ce travail en commun. Chacun des participants en accepte la règle, comme il accepte celle du transnational.

S’inscrivant dans les oeuvres de l’imaginaire et de la pensée, le travail porte sur le signe, l’image et la langue, sur les rapports entre tradition et modernité, sur les représentations des femmes dans les sociétés contemporaines, etc., toutes problématiques permettant de se démarquer d’une approche muséifiante.

Ils ont pour vocation à court terme de déboucher sur des productions artistiques et de recherches communes, s’inspirant du patrimoine non-construit. Ils ont pour vocation à moyen terme (trois ans) de dégager un réseau informel d’acteurs culturels (individus et structures) soucieux de mettre en commun leurs références et leurs pratiques.

2. Après les Ateliers, production en commun. Grâce aux structures culturelles partenaires et associées, les participants se verront dotés à compter de 2001 des conditions nécessaires pour mener à bien (résidences) et diffuser (production) leur travail en commun : pièces de théâtre, films vidéos, exposition de photographies, traductions communes, recherches en commun dans le domaine des sciences humaines, etc.

3. La biennale des revues de pensée critique. Une fois tous les deux ans, les revues de pensée critique du Bassin méditerranéen se réuniront pour travailler ensemble. De manière systématique, en effet, les revues de pensée critique mènent un travail de confrontation de la pensée contemporaine avec les oeuvres de l’imaginaire et de la pensée, et un travail de réflexion sur les enjeux contemporains de nos sociétés (rapport entre tradition et modernité, etc.). Isolées les unes des autres, trouvant rarement l’occasion d’entrer en échange avec des artistes, des chercheurs, par delà les frontières, elles se réuniront dans le cadre de ce programme pour confronter leurs analyses et pour interpeller les membres du réseau de Transeuropéennes sur les enjeux de la pensée contemporaine.

Elles auront une double fonction :

- mobilisation du réseau des Ateliers sur les enjeux de la pensée et création d’un lieu permanent et ouvert de réflexion et de confrontation, offrant aussi des perspectives de publication;

- création de liens de solidarité entre les revues elles-mêmes, qui pourra déboucher sur des projets de co-édition ; animation par ce réseau des revues d’un courant d’idées travaillant sur la mise en commun du patrimoine non-construit de l’Europe et du Bassin méditerranéen, et mise en circulation des textes et des personnes y travaillant.

 

 

Les Ateliers culturels euroméditerranéens 2000 : Bilan d’activité

 

Déroulement général

Du 25 octobre au 9 novembre 2000 se sont tenus à Marrakech les deuxièmes Ateliers culturels euro-méditerranéens, à l’initiative de Transeuropéennes, de la Fondation européenne de la culture et de l’Ecole des Traducteurs de Tolède, en étroit partenariat avec la Fondation du Roi Abdou Al-Aziz et l’association Chouala. Financé par le Ministère des Affaires étrangères et la Fondation européenne de la culture, le projet a bénéficié d’un soutien remarquable de la Délégation des Affaires culturelles de Marrakech, qui a mis a disposition des Ateliers l’un des plus beaux palais de Marrakech, Dar El Bacha, et d’un appui significatif de la part de l’Ambassade de France à Rabat.

L’association Diwan Al Adab, de Marrakech, était également partenaire des Ateliers, ainsi que le Musée de Marrakech. Enfin, la maison d’éditions Al Quobba Zarqua a apporté sa contribution en tant que prestataire de service.

Dans la difficile combinaison de la tradition et de la modernité, ébauchée à travers ces partenariats, certains écueils n’ont certes pas été évités, et notamment dans la mise en partage des objectifs de travail et du propos interdisciplinaire des Ateliers. Dans le même temps, les niveaux variables d’implication et les différents mode d’association au projet ont permis de mieux rendre compte des réalités contemporaines du Maroc, d’ouvrir tant sur les enjeux sociaux et culturels d’aujourd’hui que sur l’histoire, les récits et les traditions de la ville de Marrakech.

Vingt-cinq jeunes chercheurs et artistes ont participé à cette session, venus de presque tous les pays du Bassin méditerranéen, à l’exception de la Grèce, de la Lybie, de la Syrie (manque de candidats correspondant au profil), du Portugal (annulation de dernière minute) et d’Israël. Le mode de recrutement des participants, par le biais d’un réseau d’individus (universitaires, chercheurs, artistes, directeurs de théâtres et autres centres culturels, traducteurs, etc) et au moyen d’une rigoureuse sélection sur dossier a fait ses preuves. Le haut niveau de compétence, le fort engagement des participants, leur sens de l’échange et leur volonté d’en être les acteurs, leur ouverture à l’approche interdisciplinaire enfin doivent être fortement soulignés. Composé de personnalités exceptionnelles, intellectuellement et artistiquement engagées, le groupe des ACEM 2000 a su avec un rare talent se confronter à toutes les contradictions de la mise en présence, à tous les doutes du travail en commun, pour finalement se souder dans l’action et la réflexion commune.

Les intervenants venaient quant à eux du Maroc, de différents autres pays arabes, ainsi que de France, d’Italie, des Pays- Bas, d’Espagne. Hormis une annulation de dernière minute, toutes les personnes prévues au programme sont venues, certaines pour un court séjour, d’autres pour un accompagnement plus long soit du travail théorique, soit du travail en atelier. Leur forte motivation, leur intérêt pour le projet, dont certains partage les destinées et les inspirations depuis sa création, ont été bien perçus par les participants, et la qualité de l’échange qui s’est instauré entre les uns et les autres montre à quel point une véritable communauté scientifique et artistique, aux multiples facettes, s’est dessinée au fil du travail.

Au nombre des difficultés pratiques rencontrées, il faut signaler deux éléments majeurs.

- Le partenariat euro-méditerranéen n’a rien changé aux difficultés de circulation entre l’Est et l’Ouest de la Méditerranée : prix élevé des voyages, absences de connections directes sont classiques lorsqu’il s’agit de voyager de l’Est de la Méditerranée (Turquie, Liban, Egypte, notamment) vers son Ouest. Souvent, le passage par le Nord (Rome, Paris) est indispensable.

- Si Marrakech a parfaitement répondu au désir d’ouverture d’un espace imaginaire et de réflexion, la ville n’a pas offert toutes les facilités nécessaires à un bon travail pour les ateliers nécessitant des interventions techniques : ainsi la reprographie, les tirages photo, la réparation de matériel vidéo, l’accès à du matériel audio-visuel de qualité ont été problématiques.

Enfin, il est regrettable que le manque de temps et le niveau insuffisant de financement n’aient pas permis un réel travail en amont pour faire connaître cette initiative d’importance au Maroc.

 

Le contexte israélo-palestinien

L’absence de participants israéliens à ces Ateliers, déjà mentionnée, est relative à l’extrême détérioration des rapports israélo-palestiniens dès 2000. Elle a fait l’objet de discussions longues en amont du projet et a été commentée avec les participants, et discutée. Plus largement, ce qu’il est convenu d’appeler le conflit israélo-palestinien a assombri fortement ces Ateliers, et amené les participants tout comme les intervenants qui n’y étaient pas forcément préparés à se confronter au réel de la situation. Des discussions parfois bouleversantes ont eu lieu, essentielles pour chacun. Toujours, elles se sont tenues dans le respect de l’autre, dans le refus d’occulter les enjeux politiques sous les discours ethnicoreligieux, dans le souci de se confronter aux questions les plus délicates. La dignité, la cohérence d’une posture en tant que collectif d’intellectuels et d’artistes conquises au fil des jours, resteront pour chacun comme une expérience fondatrice.

 

 

Conclusions

 

Le travail des langues, les langues au travail

La mosaïque des langues n’a pas été la moindre des richesses des Ateliers, et elle n’a cessé d’alimenter la réflexion et le travail des participants : l’arabe dans ses pluriels, le berbère, l’espagnol, le français, l’italien, le turc, l’allemand, le néerlandais et l’anglais étaient présents.

L’arabe, le français et l’anglais étaient les langues d’interprétation simultanée pour les conférences et débats. Mais on peut se féliciter qu’il n’y ait pas eu une seule langue dominante, mais plusieurs, et plusieurs types de rapport à chacune de ces langues, qui ont d’ailleurs souvent fait l’objet de commentaires. Conséquence de cette mosaïque, l’inter-traduction, et l’auto-traduction ont été abondamment pratiquées par les participants, ainsi que par certains intervenants, avec humour et légèreté.

La querelle entre les tenants de l’arabe classique et ceux des dialectes a été particulièrement intéressante, et a posé la question de savoir si les ACEM doivent « imposer » l’arabe classique aux participants arabophones de manière à faciliter la compréhension mutuelle… Cette « querelle » menée sur un mode distancié et bienveillant a néanmoins révélé aux arabophones à quel point ils pouvaient au sein de leur propre langue être confrontés à des moments d’étrangeté. Etrangeté que certains nommèrent « vertige ».

Plus délicate a été la querelle du bilinguisme, car elle mettait en jeu un conflit idéologique. Beaucoup des intervenants et certains des participants arabophones ont fait le choix de s’exprimer soit en français, soit en anglais, lors de leurs exposés. Pour certains jeunes participants ne partageant pas l’expérience du bilinguisme de leurs aînés, ce choix est apparu souvent comme une « trahison » de la langue arabe, de l’« appartenance » à une communauté donnée, etc. Expérience par excellence d’un processus d’identifications multiples, ce bilinguisme délibéré, ce jeu entre les langues a déclenché des réactions d’incompréhension qui sont allées parfois jusqu’à l’agressivité, y compris chez des participants parfaitement bilingues ou trilingues. Rupture générationnelle, divergence de pratiques entre l’Orient et l’Occident arabes, évolutions idéologiques des dix dernières années : telles sont les pistes pour une analyse fine à mener sur les causes de cette mésentente.

De la mosaïque au vertige, du vertige à la richesse de la polyphonie, les ACEM ont cherché leurs voies/voix - et l’on trouvée grâce à une remarquable ébauche de vidéo-performance réalisée sur le lieu de résidence des participants, lieu moderne si l’en est, et qui recomposait en espace symbolique la place Jemaâ El Fna, sa polyphonie, sa théâtralité, tout en bordant cet espace symbolique de cinq récits de femmes en langues différentes.

 

Les Mille et une nuits et Antigone de Sophocle

La thématique commune de ces deux oeuvres fondatrices était la résistance de la femme par la parole à la figure du tyran. Le travail mené sur les quatre contes des Mille et une nuits choisis et sur la tragédie de Sophocle a non seulement permis d’analyser d’une manière serrée les textes, et de les mettre en regard, mais aussi d’initier une réflexion polémique sur la lecture, l’interprétation, particulièrement fructueuse. Très rapidement dans le cours du travail collectif, des propositions de mise en relation entre Antigone et Shahrâzâd, mais aussi entre Créon et Shâhriyâr sont  apparues, largement concrétisées dans les ateliers, mais qui ont également structuré bien des discussions. En effet, ramenées par les participants à leur contemporanéité, du fait notamment de l’âpreté des événements au Proche-Orient, les deux figures ont été perçues comme archétypiques de modes de présence au politique, non sans contradictions. Ainsi, au-début de la session, Shahrâzâd incarnait-elle pour certains la figure de soumission, pour d’autres la figure de la ruse politique, mais en tout cas une figure de contournement de la violence tyrannique. Antigone, quant à elle, représentait la citoyenneté, la pensée des droits humains contre l’arbitraire de la loi, ou, a contrario, défendait aux yeux de certains la logique de la filiation contre la logique du politique.

Au fil des jours ces interprétations de départ, relativement immédiates, ont été interrogées, élaborées de nouveau, vers une plus grande complexité, et ont souvent révélé des paradoxes. L’enjeu interprétatif a surgi au coeur du travail théorique comme celui de la suspension du parti-pris. « Où est la tragédie, disait l’un de participants, si nous avons déjà pris le parti d’Antigone ? » Il nous fallait donc « reconstruire les raisons de Créon » et celles d’Antigone. Il fallait approcher les oeuvres comme deux textes d’une littérature de l’extrême, d’une expérience des limites. Il fallait amener la lecture de Shahrâzâd jusqu’à ses véritables limites.

A travers l’une comme l’autre des oeuvres, ce sont les enjeux de civilisation qui ont été mis en lumière. La question a été posée de savoir si les Mille et une nuits peuvent être lues comme une tentative de « lever la rature de la femme dans la culture arabo-islamique » (F. Benslama), depuis un double enjeu : psychologique - soigner le roi fou au pied du lit - et politique - libérer la cité menacée par la destruction des femmes à laquelle se livre le roi fou. Une lecture divergente serait que les Mille et une nuits confortent en définitive l’Etat et que Shahrâzâd soit celle qui rétablit la loi (R. Benchemsi), en « ramenant la dégénérescence de l’Etat à la raison ». Elle permet à l’Etat de se réinstaller comme un « être-en-devenir ». Cette lecture se vit opposer notamment l’argument selon lequel le monde arabo-musulman « ne peut aller vers une pensée de l’être-en-devenir ».

Lieu des expériences limites, de la transgression (cf. A. Kilito, pour le conte de Jaoudar), les Mille et une nuits mettent en travail les références coraniques et les lois de l’islam, et, structurées par une géographie imaginaire ouverte d’Est en Ouest, elles sont en même temps, par l’histoire même du texte, « une création de l’Occident » (Kilito). Les Mille et une nuits, c’est l’histoire d’une oeuvre entre oralité et écriture, entre traductions et censures, dont la célébrité s’est le plus souvent construite sur les contes apocryphes (R van Leuwen).

Clairement identifiée comme figure de référence dans la littérature grecque et la pensée occidentale de la philosophie politique, Antigone lève la possibilité de clore le cycle d’OEdipe-roi. Oedipe a vécu dans la transgression, qui bouleverse la place assignée à chacun par la filiation, parce qu’il a été le jouet des dieux.Antigone tente de mettre fin au cycle de la damnation par la loi, qui assigne à chacun sa place dans la société. Avec Antigone se pose la question du fondement du nomos, de la loi (N. Saadi). Antigone est « le conflit fondamental au coeur de la loi », le passage entre la loi symbolique et la loi de la cité, laquelle doit être fondée sur la conscience morale. Antigone est précurseur de la notion de droits de l’homme, imprescriptibles et inaliénables. C’est pourquoi elle désobéit à la loi, dont elle n’admet pas le fondement arbitraire. En proclamant son droit à la désobéissance, elle précède et contredit ce qui sera un moment de l’achèvement de la loi avec la mort de Socrate : « Une cité heureuse est une cité où l’on respecte les lois ». Cette lecture, fondatrice de toute une pensée de la philosophie du droit en Occident, se voit opposer une approche antithétique. Pour certains, Antigone peut être interprétée comme défendant le code archaïque du droit familial contre la raison d’Etat du siècle de Périclès Tout Antigone va contre le concept grec civilisé des rapports rationnels du citoyen avec la cité. Antigone refuse la loi, refuse la cité (R.Assaf).

Au-delà de cette tension interprétative, Antigone n’en est pas moins riche d’autres complexités, et elle compte sur le versant arabe du monde méditerranéen plusieurs figures soeurs (R. Benslama). Antigone est une oeuvre ambiguë, dont la force particulière et de portée universelle réside dans le fait qu’une femme y parle directement politique au tyran lui-même.

Saisir le concept même de tragédie et sa contemporanéité est au coeur du travail. La tragédie intervient lorsqu’il y a des problèmes sans solution et des questions sans réponse, lorsque l’homme est un proie à l’égarement (J. Risset). Et Antigone dit « l’histoire du monde en permanence », dans un espace permanent. Les personnages d’Antigone sont dans un état de « zone », de passage, et c’est pourquoi la crise peut avoir lieu (A. Torrès).

Pourquoi les Arabes ne traduisirent-ils pas les tragiques grecques (pas plus que la poésie) ? Cette question, qui fut récurrente, au coeur de la thématique des ACEM, vit se dessiner trois pistes, qui méritent d’être reliées en elles : pour fuir le paganisme, mais aussi par peur d’entrer en concurrence avec les dieux par la création (R. Benslama), ou par peur de traiter du conflit avec les dieux que pose le tragique.

Par l’interdisciplinarité du travail mené, à laquelle manquèrent toutefois les références cinématographique et picturale sur les oeuvres choisies, les ACEM ont dégagé pour l’oeuvre littéraire un espace de liberté : celui de la distance critique, grâce à laquelle le texte littéraire cesse d’être considéré comme un miroir.

 

Un laboratoire de l’ouvert

Les éléments de méthode qui soustendent le projet des ACEM répondent au souci de créer un lieu affranchi des pressions de tous ordres, où chacun peut mener une expérimentation intellectuelle et artistique libérée de toute autocensure. L’interdisciplinarité et le croisement permanent des perspectives est la condition même de cette mise en circulation des idées et des imaginaires. Dans le même temps, la concentration dans l’espace et le temps d’un travail qui porte à la fois sur la pensée et l’imaginaire produit un effet de distance par rapport à l’urgence de l’action que d’aucuns ont pu ressentir comme extrêmement salutaire (« Un pays où l’imaginaire se perd dans l’urgence de l’action, ce n’est pas bon », disait l’une des participantes), ou bien comme douloureux.

Relativement fixes dans leur forme, les conférences et les débats qui s’ensuivaient étaient traduits simultanément, de telle sorte que chacun pût s’exprimer à l’aise et avec le plus de précision possible. Centrées sur les oeuvres au programme, proposant des lectures croisées et contradictoires, elles ont suscité des mises en discussion approfondies, souvent passionnantes. Au fil des jours se sont tissés, à partir des conférences, des faisceaux interprétatifs qui ont inspiré le travail mené dans les ateliers.

Les groupes de travail en ateliers, dont il est fait état plus loin, ont quant à eux reposé sur l’auto-organisation et la liberté d’action. Si les premiers pas dans ces dynamiques collectives ont été difficiles, des ressorts ont cependant été trouvés pour mettre en commun et pour produire ensemble. Ceux-ci peuvent largement être identifiés comme la capacité exceptionnelle des participants à s’écouter mutuellement et à s’intertraduire, au sens propre, puisque le travail en atelier se déroule sans traduction simultanée, et au sens figuré.

Tant lors des séances de conférences que lors des ateliers, les participants ont fait l’expérience du passage d’un quant à soi souvent méfiant à l’interaction, puis à l’action commune. Les tensions inévitables relatives à la situation de violence au Proche-Orient très présente dans les esprits, mais résultant aussi des discussions approfondies sur des enjeux interprétatifs des cultures ou des sociétés, ont créé le temps de ces quinze jours une communauté d’artistes et de chercheurs en prise sur le réel et ouverte aux risques du différend.

 

Géographie imaginaire, lieu réel

Ainsi le voyage, comme expérience multiple de la mise en mouvement, comme temps d’accueil et de confrontation des altérités, comme expérience de l’ouvert, renoue-t-il ici avec l’excellence de sa tradition, telle que les grands voyageurs, d’ Ibn Battûta à Nerval ou Nicolas Bouvier ont pu la porter. Car c’est aussi dans l’aller-retour permanent entre géographie imaginaire et lieu réel que les Ateliers culturels euroméditerranéens travaillent, aidés en cela par le choix des oeuvres.

Le Maroc, comme l’extrême occident du monde arabo-musulman, nourrit la géographie imaginaire des grandes oeuvres méditerranéennes, de l’Odyssée aux récits de voyage en passant par les Mille et une nuits. Ainsi s’explique le choix du conte « la Ville d’airain », faisant référence à une cité marocaine désormais disparue, comme opérateur du lien entre le voyage contemporain et la géographie imaginaire.

Le choix de la ville de Marrakech a permis de broder sur cette dialectique de manière quasi foisonnante. En effet, nombreux étaient les fils qui reliaient la ville de Marrakech comme espace imaginaire et les oeuvres au programme. Tous les participants ont souligné à quel point la ville avait influencé leur travail tant individuel que collectif.

Bien sûr, et de manière évidente, la place Jemaâ El Fna, désormais classée par l’UNESCO patrimoine oral de l’humanité, était appelée à jouer dans le programme un rôle central. Présentée lors de sa conférence par Juan Goytisolo comme « une galerie de voix », comme lieu de la corporéité, où les cultures orales s’entremêlent, où les identités sont en mouvement, où les thématiques du sacralisation de la littérature, de fidélité au texte sont battues en brèche, la place Jemaâ El Fna est non seulement le lieu où se content, entre autres, les Mille et une nuits, mais où l’interdépendance entre littérature orale et littérature écrite est à l’oeuvre. Car l’écrit a codifié l’oral, et l’oral s’est infiltré dans l’écrit. Cette interdépendance, finement analysée par Richard Van Leuwen dans son intervention, est d’ailleurs l’un des raisons pour lesquelles les Mille et une nuits, au corpus textuel instable, ont été considérées, dans le corpus arabomusulman, comme une oeuvre mineure.

Jemaâ El Fna est le lieu des conteurs, et des échanges. Les Mille et une nuits mettent en scène une femme qui fait oeuvre de conteuse. Dans l’intervalle, les femmes sont manquantes. Plusieurs participant(e)s partirent à leur recherche, guidées par l’érudition de Dalila Hyaoui, poétesse marocaine. Dans les résultats des travaux joints en annexe, plusieurs figures de femmes apparaissent, l’une fondatrice de l’histoire de la ville, les autres symboliques d’un moment de sa vie sociale. Les participants des ACEM, dans une performance vidéo déjà mentionnée, choisirent de recomposer l’espace de Jemaâ El Fna, sa « galerie de voix », en y introduisant les contes de cinq femmes, en bordure de la harangue, parole (masculine) du marchand située au centre.

Mais Marrakech ne se résume pas à la place Jemaâ El Fna, et dans la démarche des participants de « traduire la ville », tant dans l’atelier de photographie emmené par Gilles Abegg que dans les autres groupes de travail, d’autres inscriptions, d’autres traces, se sont fait jour. Ainsi la comparaison du souq de la ville avec les Mille et une nuits comme dédale était-elle plus qu’une simple figure de style, tant les regards portés par les participants ont réussi à composer des récits pluriels, complexes - du lit de fer et de coton de Shahrâzâd imaginé par l’un des participants et sur lequel étaient projetées des images d’hommes discutant debout aux confins de la palmeraie, en bordure de médina, aux photographies de l’exposition captant les absences - présences dans le souq ou saisissant l’étrange frontière entre la ville moderne et la ville ancienne délimitée par les murailles, et semblable à la cité d’Antigone, en passant par les figures d’enfants de la médina, qui ramènent vers l’intercesseur de l’imaginaire qu’est la petite soeur de Shahrâzâd dans des Mille et une nuits

Qui aurait imaginé qu’un jour l’ancien palais du Glaoui (dont la réputation de tyran perdure dans la ville) servirait, grâce à la générosité et la bienveillance de la Délégation des Affaires culturelles à Marrakech, de lieu de rencontre sur la thématique de la parole des femmes face à la figure du tyran ? Et plus encore, que représentations théâtrales de ces confrontations seraient données en cet espace ? Inventant pour le magnifique palais Dar El Bacha une nouvelle fonction, celle d’un extraordinaire espace scénique dans le patio central cassant le traditionnel rapport entre la scène et le public en mettant le public au centre du patio et en jouant dans les espaces scéniques multiples offerts par les salons ouverts et les allées, l’atelier de théâtre a fait oeuvre de traduction de la ville, s’est « approprié » son patrimoine construit dans un propos de modernité, de la manière la plus heureuse qui soit.

Au-delà de l’atelier théâtre, c’est l’ensemble du projet à Marrakech qui a été porté par ce lieu.

 

Tradition et modernité : l’impossible retour à l’origine

Partie prenante de la démarche des Ateliers culturels euro-méditerranéens, l’articulation entre le patrimoine construit et les oeuvres de l’imaginaire et de la pensée se révèle très pertinente pour penser la question de la tradition et de la modernité. Ainsi l’expérimentation théâtrale de Dar El Bacha a-t-elle montré qu’il n’est pas de prédétermination d’un tel monument historique à reproduire des formes fixes, et que l’invention est aussi un puissant ressort de renouvellement du rapport à la tradition.

Dans les débats qui suivirent la présentation des travaux érudits de l’association Diwan Al Adab, un clivage apparut clairement entre les interlocuteurs de l’association, soucieux d’un retour à l’origine, d’une nécessité de s’inscrire « dans le flux continu » des traditions, de « restaurer ce qui a été perdu » (tant en matière d’unité entre vie communautaire et urbanisme qu’en matière de production littéraire), et le groupe d’artistes et d’intellectuels des ACEM. Ces derniers insistaient sur l’urgence de faire le deuil de l’origine, de penser, tant en termes littéraires, philosophiques ou d’urbanisme, à partir du retour impossible à l’origine, sous peine, autrement, de « rôder autour d’un trou noir » (R. Benslama).

Rapporté à la question du rôle des femmes dans la société marocaine contemporaine, lors d’un débat organisé par l’association Chouala, ce clivage entre tradition et modernité est apparu au sein même du groupe de participants, avec une virulence qui n’a pas été sans surprendre, et qui a notamment opposé les jeunes femmes du Moyen Orient à leurs jeunes collègues masculins. Porté dans l’espace public au Maroc au cours de l’année 2000, le débat sur les droits de la femme dans l’espace arabo-musulman a pu être perçu par certains comme questionnant les fondements de l’identité arabo-musulmane. De là est né un vif débat sur le potentiel de réforme des sociétés arabo-musulmanes au sein de leur propre tradition, et sur leur compatibilité avec tout changement social significatif du statut de la femme. Nulle réponse ne fut tranchée lors de ces trois heures de discussion où le bilinguisme de la conférencière et son choix de délivrer son exposé théorique en français fut lui-même mal perçu (cf. précédemment).

Pourtant la tradition elle-même ne manque pas d’espaces de transgression, de restauration de la figure féminine, comme le rappellent les chants du Melhûn. Quoique généralement chantés par les hommes, le Melhûn font entendre dans leurs magnifiques qâssida la parole des femmes. La double rencontre picturale et musicale autour du Melhûn restera pour beaucoup comme un moment intense et de grâce de ces Ateliers. C’est par les arts plastiques que les participants ont découvert en premier lieu le Melhûn, son univers circulaire et sa dimension érotique, à travers les oeuvres que le plasticien Farid Belkahia lui a consacrées dans l’un des cycles de son travail. Il faut saluer ici l’accueil généreux de l’artiste dans son atelier, dire l’échange qui s’est installé au fur et à mesure que le regard s’aiguisait, une fois fait l’apprivoisement du lieu où l’oeuvre s’élabore (beaucoup découvraient un atelier d’artiste). Le concert qui s’ensuivit au Musée de Marrakech, servi par deux grandes voix du Melhûn, devait amener chacun vers la circularité et la théâtralité de ce chant, et vers la richesse foisonnante de ses textes.

 

Une pépinière de projets : les groupes de travail

La grande réussite des ACEM est tout entière due au travail des participants, à leur implication intellectuelle et émotionnelle dans les enjeux proposés. Les résultats tant collectifs qu’individuels mis en partage à la fin de la session constituent de précieuses pistes de travail pour l’avenir.

 

1. Les ateliers de théâtre

Presque la moitié des participants s’est impliquée dans un travail théâtral : on comptait parmi eux des gens de théâtre (acteurs et metteurs en scène), mais aussi d’autres participants n’ayant pas eu jusque là l’occasion d’une pratique théâtrale. Du fait de la diversité des personnalités artistiques présentes, et de leurs visions respectives, trois projets ont donc été développés, et présentés lors d’une soirée dans le patio de Dar El Bacha. Placé de part et d’autre du centre du patio, le groupe de spectateurs était traversé par le théâtre, les mises en scènes ayant su tirer le meilleur parti de l’espace en croix des allées et des alvéoles bordant le jardin. Trois spectacles ou ébauches, le temps ayant manqué pour un complet aboutissement, furent présentées, en arabe, français et anglais, et ce sont autant projets théâtraux qui mériteront d’aboutir. Ils s’emparaient tous trois des figures d’Antigone, de Créon, de Shahrâzâd et du roi Shâhriyâr, les croisant avec ironie ou les faisant dialoguer dans l’intimité d’une chambre. Ce jeu avec la figure littéraire gardait pour fil rouge le souci d’appréhender la nature même de leur prise de parole. Ces projets appellent désormais de nouvelles élaborations, sur la durée, à partir des jalons posés à Marrakech. Dans le travail de suite des ACEM, leur concrétisation reste une priorité.

 

2. L’atelier vidéo

Il en va de même de la vidéoperformance, à laquelle il a déjà été fait référence, et qui  alliait le film vidéo, le théâtre, la musique et le conte. Conçu comme un creuset, comme un espace de l’oralité sous-tendu par l’écrit, un espace d’improvisation et de jeu, le lieu était une mise en abîme de la place Jemaâ El Fna. La cohérence de la conception, ses multiples plans de lecture donnent à penser qu’une élaboration disposant de temps débou-cherait sur une réalisation passionnante. Là encore, il est important que des moyens puissent être trouvés pour faire aboutir le projet.

 

3. Atelier théorique

Dans une difficile articulation entre l’individuel et le collectif, l’atelier théorique a créé un espace d’interaction entre les lectures critiques des oeuvres proposées et une réflexion plus vaste, d’ordre philosophique, sur la parole et le pouvoir et le féminin, ainsi que sur la traduction comme pensée de l’autre. Un projet collectif est né, dont la réussite repose entièrement sur l’esprit de suite de ceux qui l’ont proposé. Il peut constituer un foyer de pensée sur les enjeux contemporains de la traduction des cultures, que l’on ne saurait assez encourager.

 

4. L’atelier de photographies « traduire la ville »

Emmené par le photographe Gilles Abegg, dont le sens de l’espace urbain comme de l’espace scénique est bien connu, l’atelier de photographies a réuni pour l’essentiel des néophytes, tout en faisant sa place aux professionnels de l’appareil photographique ou cinématographique. Chacun, y compris les plus chevronnés, étaient comme lors des ACEM de Tolède en 1999 traités dans l’égalité stricte, chacun recevant pour ses photos 3 boîtiers jetables. Des quelque cinq cents photos réalisées lors de longs périples à travers la ville, une vingtaine fut retenue pour l’exposition accrochée à Dar El Bacha sur les murs blancs d’une petite salle. Posées à même le sol, des montages en parallèle proposaient une lecture plus détaillée, plus autobiographique de la ville, appelant une lecture multiple.

 

L’art de construire l’espace et celui d’étirer le temps ont assurément caractérisé les travaux de ces ateliers. Cette réalité mérite que l’on s’arrête un instant, car elle est le fait d’une intelligence partagée de la situation et d’une liberté assumée par chacun et par tous. C’est à partir d’elle que la poursuite des projets doit être pensée, que l’élan des ACEM pour les années à venir doit être donné.

 


Intervenants

Gilles Abegg, Photographe (Paris) ; Roger Assaf, Metteur en scène de théâtre (Beyrouth) ; Barbara Azaola, Ecole des Traducteurs de Tolède (Tolède) ; Farid Belkahia, Artiste-plasticien (Marrakech) ; Jamal Eddine Benhayoun, Professeur de littérature anglaise à l’université de Tetouan, poète, ancien participant des ACEM 99 (Tetouan) ; Rajae Benschemsi, Ecrivaine (Marrakech) ; Fethi Benslama, Ecrivain, psychanalyste, directeur des Cahiers Intersignes (Paris) ; Raja Benslama, Maître de conférence en littérature arabe à l’université de Tunis ; Mohamed Beriz, Conteur, place Jemaa El Fna (Marrakech) ; Mohamed Charfiq, Linguiste, association Chouala (Marrakech) ; Dalila Hyaoui, Poétesse (Marrakech) ; Rachid El Houda, Architecte-urbaniste (Marrakech) ; Juan Goytisolo, Ecrivain (Marrakech-Paris) ; Mourat Al Kadiri, Poète, secrétaire général de l’association Chouala, ancien participant des ACEM 99 (Salé) ; Jaafar Kansoussi, Editeur, essayiste (Marrakech) ; Abdelfatah Kilito, Ecrivain, professeur de littérature arabe à l’université de Rabat (Rabat) ; Richard van Leeuwen, Historien et arabisant, Traducteur des Milles et une nuits en néerlandais (Amsterdam) ; Abdelmaksoud Rachdi, Chercheur en sociologie, président de l’association Chouala pour l’éducation et la culture (Casablanca) ; Jacqueline Risset, Ecrivaine, traductrice, professeur de littérature à l'université de Rome (Rome/Paris) ; Nourredine Saadi, Ecrivain, professeur de droit à l’université de Douai (Alger-Paris) ; Tijania Sertat, Professeur de philosophie, déléguée du Ministère de l’enseignement (Casablanca) ; Abdelilah Tabit, Expert en musique traditionnelle (Marrakech) ; Anne Torrès, Metteur en scène de théâtre. Coordination scientifique : Ghislaine Glasson Deschaumes.

 

Organisateurs

Maître d’oeuvre : Transeuropéennes / Réseaux pour la culture en Europe ; directrice générale : Ghislaine Glasson Deschaumes ; chargée de production : Sarah Tikanouine ; administrateur : Olivier Poublan.


Co-organisateurs : Fondation Européenne de la Culture ; directrice des subventions et programmes : Odile Chenal. Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud ; Directeur : Abdou Filali-Ansary. Escuela de Traductores de Toledo ; Directeur : Miguel de Larramendi. Association Chouala pour l’Education et la Culture ; Président : Abdelmaksoud Rachdi ; Secrétaire général : Mourad Al Kadiri ; Assoc. Chouala / Marrakech : Mohamed Charfiq.

En association avec : Diwan Al Adab, Association culturelle ; Président : Jaafar Kansoussi.


Nous remercions pour leur soutien les services culturels de l’ambassade de France à Rabat, et en particulier M. Didier Deschamps ; la délégation du Ministère de la Culture et de la Communication à Marrakech, nommément M. Faissal Cherradi, délégué général.


Nous remercions chaleureusement, pour l’excellence de leur prestation, Multilingue Internationale (Agence de traduction et d’interprétariat de conférence), Rabat ; Directeur : Abdelmajid Tamer.


Nous remercions pour ses précieux services Al Quobba Zarqua Editions, Marrakech ; Directeur : Jaafar Kansoussi.


Nous remercions pour son accueil et ses soins l’équipe de la CNSS.