Des archives pour aujourd'hui

Comme tout projet intellectuel et militant, Transeuropéennes a une histoire, à laquelle son présent ne saurait cependant se résumer.

Tout le projet mené par Transeuropéennes depuis le tournant des années 1990, dans la foulée de la chute du mur de Berlin, du siège de Sarajevo et de la première guerre du Golfe, jusqu’à aujourd’hui, est traversé par la critique des clôtures identitaires et par la perspective qu'ouvre la proposition de « traduire, entre les cultures ».

Novateur, ce projet l’est par la transposition du concept de traduction dans le champ politique et culturel ; il l’est également par l’unité de conception entre la revue de pensée critique Transeuropéennes qui publie entre 1993 et 2004, 20 numéros dont 5 bilingues français / anglais, et les trois programmes d’action montés dans les Balkans à partir de 1994 et dans la région euro-méditerranéenne, à partir de 1995. Pensée théorique et action ne sont pas dissociées et interagissent en permanence.

Entre 1993 et 2004, la revue Transeuropéennes publie près de trois cents auteurs venus de toute l’Europe, du monde arabe, de Russie, d’Inde, d’Afrique, des Etats-Unis. Elle fait durant cette période l'expérience concrète de la traduction depuis de nombreuses langues, s'appuyant sur des traducteurs reconnus pour leurs compétences. Les auteurs sont des penseurs, chercheurs en sciences humaines, artistes, écrivains, traducteurs, responsables politiques ou associatifs. Ils font de la revue à la fois un forum unique de la pensée « en Europe et au-delà », et un lieu où, de 1994 à 2005, germent les actions concrètes, dans les Balkans et en Méditerranée.

L’année 2002 est celle du numéro 22 de la revue, "Traduire, entre les cultures", qui fait référence. C’est aussi l’année de la « caravane » qui réunit les femmes militantes d’ex-Yougoslavie et d’Albanie durant quinze jours en mai 2002 pour la traduction concrète de leur engagement pour la paix. C’est également l’année du collectif Convergences Palestine/Israël, à Paris, au théâtre Paris-Villette.

Dans la période intermédiaire (2004-2007), où le contexte géo-politique continue de se détériorer (dégradation de la situation au Proche-Orient, impact du 11 septembre 2001 sur les politiques et les mentalités, guerre en Irak), Transeuropéennes choisit de prendre le temps de la réflexion et de se renouveler. Une équipe de recherche est créée au Collège international de philosophie sur les enjeux de traductions. Et la Maison de l’Europe de Paris constitue à partir de 2005 un lieu forum pour de nouvelles initiatives.

Transeuropéennes maintient et développe ses priorités en Méditerranée, dans une perspective qui a toujours inclus les Balkans. Le projet "Traduire en Méditerranée" est initié fin 2005, développé en 2006 et 2007, lancé en novembre 2008 dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. L’état des lieux de la traduction, lancé en 2010 avec la Fondation Anna Lindh, s’appuie sur un solide réseau de partenaires créé  par Transeuropéennes pour mener à bien cette initiative structurante.

Dans le même temps, la revue Transeuropéennes, qui avait préparé sa mue, est relancée à l'automne 2009 en version électronique, multimédias, en quatre langues : anglais, arabe, français et turc, avec le soutien du Ministère français de la Culture et de la Communication et du Centre national du livre.