XXIIème Université d’été francophone

Europe et Balkans : quel élargissement pour quelles frontières ? 8 au 26 septembre 2003 à Strasbourg (France)


Transeuropéennes/Réseaux pour la Culture en Europe - Paris ; Co-organisée avec les universités de Strasbourg : Université Marc-Bloch, de Sciences Humaines, Université Robert-Schuman, de Droit et de Sciences Politiques, Université Louis-Pasteur, de Sciences ; Université de Fribourg (Allemagne) ; Le réseau EUCOR. Avec le soutien de : Conseil de l’Europe, Die Robert Bosch Stiftung, Conseil Général du Bas-Rhin, Conseil Régional d’Alsace.

 

 

Le contexte de l’universités d’été francophone de Strasbourg : le programme « Démocratisation et savoirs » de Transeuropéennes

 

Le programme met en exergue le rôle important de la culture et des savoirs dans le dépassement des fragmentations sociales dans la région, tout autant que des cloisonnements entre activités militantes. Il a pour objectif de développer et de renforcer les réseaux novateurs en matière de contribution aux processus de démocratisation dans la région, en l’occurrence dans le champ de l’enseignement supérieur.

Par la mobilité de ses actions et par ses méthodes de travail, Transeuropéennes encourage les bénéficiaires du programme à construire des contacts durablement au-delà des frontières, et à prendre la responsabilité d’initiatives conjointes.

Le programme repose sur neuf années d’expérience de haute qualité dans le domaine de la formation alternative et de la mise en réseau tant d’étudiants que de chercheurs. Il s’appuie sur une excellente expertise des ressources locales et des réalités locales, et sur un double réseau :

- environ 450 professeurs, chercheurs, militants d’ONG, journalistes :

- environ 660 jeunes multiplicateurs d’opinion, anciens participants des universités d’été de Transeuropéennes.

Il s’appuie sur de nombreuses structures associées dans la région.

Plus précisément, le programme entend renforcer l’indépendance de la communauté scientifique dans l’élaboration des savoirs, la recréation de liens sociaux au sein de l’université et entre l’université et la cité, en développant de nouvelles méthodologies de travail et de nouvelles pratiques démocratiques, en formalisant et en coordonnant, au sein de l’université et de la communauté scientifique, un réseau qui inclura tant des étudiants et doctorants que des professeurs.

 

Activités et lieux de réalisation

Les pays bénéficiaires sont l’Albanie, la Bulgarie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Kosovo, la Macédoine, la République Fédérale de Yougoslavie (Serbie/Monténégro), la Roumanie, la Slovénie, la Turquie. La Grèce et Chypre sont en outre associés au programme.

Les instituts français de recherche et certaines universités françaises sont étroitement associés au programme, ainsi que des universités allemandes et belges.

A travers ce programme, ce sont de nouveaux ponts qui seront jetés entre les universités et les instituts de recherche des Balkans et ceux de l’Union européenne, afin de promouvoir de nouveaux types d’échange et de s’inscrire contre la marginalisation et l’isolement des Balkans.

 

Le programme se compose chaque année des activités suivantes :

1. deux universités d’été interdisciplinaires destinées chacune à 30 étudiants de second cycle en sciences humaines et sciences politiques, jeunes multiplicateurs d’opinion qui ont aussi en commun d’être des militants. Durée de chacune des formations : trois semaines ;

2. trois sessions régionales de formation de formateurs, destinées à de jeunes assistants à l’université et à leurs professeurs, ainsi qu’à des  journalistes et à des responsables d’ONG. Ces Ateliers de Formation de Formateurs travaillent sur des thèmes et des enjeux cruciaux pour la région. Elles développent une analyse interdisciplinaire de concepts clés dans le domaine des sciences politiques et des sciences humaines. et elles proposent des outils de travail utilisables au niveau régional. Elles entendent contribuer à la réforme des curricula existants, mais aussi au développement de nouvelles méthodes d’enseignement, alternatives, et d’une utilisation systématique des technologies del’information.

Des activités de réseau visant à combattre les idéologies de haine et de violence, à lutter contre les manipulations de la culture et des savoirs à des fins politiques, et à promouvoir la démocratisation de la vie universitaire seront développées dans le cadre de ce programme.

 

 

Le projet des universités d’été

 

Savoir et expérience, formation et citoyenneté

La vocation de Transeuropéennes et de ses partenaires, à travers les universités d'été "Agir dans l'Europe du Sud-Est : altérités et construction démocratique» est d'offrir une formation alternative à de jeunes étudiants et professionnels de la région des Balkans, qui sont de futurs multiplicateurs d'opinion. Elle repose sur l'articulation du savoir universitaire, de l'approche théorique, avec la dimension de la cité, de la citoyenneté, de la connaissance concrète des modes de vivre ensemble.

Le propos est d'encourager de futurs multiplicateurs d'opinion à avoir conscience des enjeux de leurs sociétés, de leur région, et de penser leur rôle à partir d'une réflexion sur la citoyenneté.

Une telle option suppose que les universités d'été mises en oeuvre par Transeuropéennes et ses partenaires approfondissent constamment leur approche de la société dans laquelle elles se situent, et qu'elles permettent dans le même temps aux étudiants de se démarquer des modes d'enseignement universitaire traditionnels, en intégrant dans les trois semaines de cursus des séances dont ils ont l'entière responsabilité (ateliers) et des rencontres avec les responsables culturels, associatifs, économiques, politiques locaux etc.

Les institutions universitaires et ONG associées aux projets de Transeuropéennes ont pour point commun cette vision décloisonnée des savoirs et de la formation. C’est particulièrement le cas de l'Université Marc Bloch (Strasbourg) qui participe depuis 1996 aux projets de Transeuropéennes, ainsi que des universités Robert-Schuman et Louis-Pasteur qui ont manifesté leur intention de s’unir à l’université d’été francophone de 2003. Une extension du partenariat au réseau Eucor, confédération des universités du Rhin supérieur, est recherchée, par la plus étroite association de l’université allemande de Fribourg-en-Brisgau.

 

Les participants et leur recrutement

Les étudiants participant aux deux universités d’été viennent de tous les pays de la région et ont tous en commun de faire librement acte de candidature et de ne représenter qu'eux-mêmes. Ils sont recrutés indépendamment des institutions, par le biais d'un réseau informel de professeurs et chercheurs, responsables de médias, et responsables d’ONG, et sont tout autant choisis pour leurs compétences intellectuelles et linguistiques que pour leur engagement citoyen et leur désir d'établir entre eux ensuite des liens de coopération durables.

 

Principes pédagogiques et intervenants

Interdisciplinarité, travail universitaire et rencontres de terrain (vie associative, institutions européennes, vie culturelle et politique locale, médias locaux, régionaux et transfrontaliers, le cas échéant), langue commune étrangère (le français à Strasbourg, ou l’anglais dans les Balkans), tels sont les éléments clés d'un programme qui repose sur la forte implication intellectuelle et humaine des enseignants, des universités et institutions partenaires, et sur une motivation sans faille des participants.

 

Les suites des universités d'été

Tout au long de l'université d'été, les étudiants sont amenés à réfléchir aux moyens de poursuivre ensemble le travail une fois rentrés chez eux à partir de leurs propres initiatives en tant que réseau (communication /débats par courrier électronique, développement de leurs projets respectifs, participation aux Ateliers de coopération régionale de Transeuropéennes, et aux futurs Ateliers de formation des formateurs, réalisation de films documentaires, ou de projets éditoriaux…).

Les participants à ces universités d’été se retrouvent connectés à un réseau fort de 660 anciens étudiants.

 

 

L’argumentaire thématique en 2003 : Europe et Balkans : quel élargissement pour quelles frontières ?

 

Comment peut-on appréhender les notions de territoire et de frontière au regard des évolutions politiques récentes en Europe et dans le monde ?

En effet, si l’élargissement pour l’Europe et la globalisation pour le monde sont deux processus dont les effets intégrateurs sont bien réels, ils impliquent des logiques sous-jacentes de démarcation et d’exclusion qui reviennent à remettre en cause les effets recherchés de leur mise en application par leurs partisans.

Ce constat s’applique particulièrement au remodelage contemporain de l’Europe et de ses frontières. Depuis plus d’une dizaine d’années en effet, le paysage européen subit le plus grand bouleversement depuis un demi-siècle qui semble mener vers son ouverture inconditionnelle. La chute du rideau de fer, l’éclatement de la Yougoslavie et le plus pacifique processus d’élargissement de l’Union européenne ont provoqué et provoquent encore autant de changements politiques que ceux générés par la Seconde Guerre mondiale.

Les effets positifs de ces évolutions sont évidents pour les pays entrants dans l’Union européenne et sont généralement mis en exergue. Toutefois, pour abolir des frontières elles n’en érigent pas moins d’autres, les opposant à des populations désireuses de rejoindre la « sphère de coprospérité » européenne.

Au travers de ces exemples se dessinent donc des enjeux très contemporains. Ils ont une incidence notamment sur la région des Balkans qui connaît depuis plus de dix ans, un redécoupage constant de ses frontières qui se traduit par une instabilité territoriale, tantôt ouvertement de manière violente, tantôt plus insidieusement par le biais de la politique internationale. Ceci n’est pas sans dramatiques conséquences politiques et sociétales.

En effet, l’expulsion des populations, l’homogénéisation ethnique et culturelle, la cohabitation et les nouvelles formes plus souples d’association entre nouveaux Etats, les principes de souveraineté et le refus de l’ingérence s’appuient sur des constructions ou des représentations territoriales qui génèrent des frontières. En outre, si l’Europe occidentale est intervenue dans les Balkans pour tenter d’y apaiser ces mêmes conflits qui se nourrissaient des problèmes de territoires, elle n’est pas sans provoquer de contradictions et de surenchères territoriales puisque l’ensemble des Etats qui la composent, et particulièrement le bloc de l’Union européenne, ajoutent en réalité une nouvelle frontière à cet agencement déjà complexe.

L’intention de cette université d’été est de montrer comment sont façonnées les frontières et les territoires en fonction des différents enjeux que leur qualification/désignation/délimitation soustendent. En particulier, la question de l’ouverture et de la fermeture d’un territoire sera centrale lorsque seront abordées les différentes politiques à l’oeuvre. De même que les questions de l’édification des frontières. Ceci permettra de montrer que territoires et frontières ne sont pas "essentiels" mais qu'ils sont fortement déterminés par des actions extérieures et humaines, et s’inscrivent généralement dans des contextes politiques et sociaux donnés. Un territoire, une frontière sont sur-déterminés par ce que l'on en fait.

Les exemples des Balkans et de l’Europe orientale illustreront, au travers de cours et de séminaires, cette université d’été.

La ville de Strasbourg, ses multiples territoires urbains, son histoire conflictuelle d’enjeu territorial, son statut actuel de ville transfrontalière et européenne sont un terrain privilégié d’analyse et de réflexion pour les étudiants.

La coopération franco-allemande et la présence souhaitée cette année d’étudiants d’Europe occidentale, notamment des Français et des Allemands, seront une façon d’anticiper l’intégration de l’Europe du Sud-Est à l’Union européenne.

En outre, les acteurs politiques européens, pris au sens large, sont des interlocuteurs potentiels pertinents pour la jeune génération des Balkans.

Quelles que soient ces frontières, nationales ou ethno-nationales, culturelles ou ethniques, européennes et balkaniques, seul l’approfondissement des coopérations pourra permettre le dépassement des ruptures qui sont à l’oeuvre.

 

 

Méthodologie et déroulement

 

La langue de travail est le français.

Interdisciplinarité, travail concret en ateliers et en cours, rencontres de terrain (vie associative, institutions européennes, vie culturelle et politique locale), franchissement des frontières et rencontres sur le territoire allemand : tels sont les éléments clés d'un programme qui repose sur la forte implication intellectuelle et humaine des intervenants et étudiants.

Avant de venir aux universités d’été, chaque étudiant préparera un travail personnel de narration sur le territoire qui retrace son expérience propre. Ces travaux peuvent exploiter des écrits, des images, etc. L’ensemble de ces travaux seront présentés par les étudiants en séance commune.

L’université d’été sera composée de 30 étudiants francophones en troisième ou quatrième année d’études en philosophie, histoire, géographie humaine, langue et littérature comparée, ethnologie, anthropologie, sociologie, sciences politiques etc., impliqués dans des activités civiques parallèles à leur formation universitaire (<28 ans). Le programme s'adresse aux ressortissants des pays suivants: Albanie, Bosnie- Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie, Monténégro, Kosovo/a, Slovénie et Turquie. En outre, l’université d’été sera ouverte à des étudiants de l’Union européenne, particulièrement d’Allemagne et de France, de façon à ouvrir les horizons des étudiants des Balkans en direction de leurs camarades de l’Ouest. Ils s’ajouterons aux 30 étudiants des Balkans.

Les étudiants assistent à un cours le matin durant 2h suivi de 1h de discussion avec l’intervenant. Ils peuvent également travailler en groupe à la suite des présentations.

L’après-midi est consacrée à des ateliers, durant lesquels sont « auto-organisées » des discussions autour de visionnage de films, de documentaires ou de photos, ainsi qu’à des visites et réunions avec des médias locaux, des associations, des acteurs politiques et des institutions européens et des représentants des collectivités locales.

Le programme s’enrichira d’excursions et de visites culturelles autour de Strasbourg.

 

 

Les partenaires

 

Transeuropéennes/ Réseaux pour la Culture en Europe, Paris, France ; Présidente : Catherine LALUMIERE ; Directrice générale : Ghislaine GLASSON DESCHAUMES ; Responsable de programme et coordination scientifique : Christophe INGELS ; Chargée de production : Suzana DUKIC ; Assistante de production : Isabelle MARION ; Administratrice : Lisa TICHANE.

Université Marc-Bloch ; Président : François-Xavier CUCHE ; U.F.R. de Philosophie, Linguistique, Informatique, Sciences de l’Éducation, Responsable : Maurice SACHOT.

Université Robert-Schuman ; Président : Christian MESTRE.

Université Louis-Pasteur, Faculté de géographie et d’aménagement ; Président : Bernard CARRIERE ; Vice-Président : Richard KLEINSCHMAGER.

Université de Fribourg-en-Brisgau, Albert-Ludwigs-Universität Freiburg ; Directrice du bureau des relations internationales : Hildegard MADER.